Résumé de la 2 e partie n Les alliés veulent utiliser la ressemblance de Clifton James avec le maréchal Montgomery pour tromper les services secrets allemands à propos du Débarquement... Effectivement : c'est ingénieux. Mais il reste un obstacle. — Lequel ? — Ce Clifton James. Nous ne savons pas qui il est. Pour lui confier un rôle d'une telle importance, nous devons être absolument sûrs de son entourage et de lui-même. — C'est exact, colonel. Je m'en charge... A partir de ce moment, le MI 5 enquête discrètement sur Clifton James, et les résultats sont satisfaisants à tous points de vue. L'entourage de l'acteur est absolument sûr, pour la meilleure raison qui soit : il n'existe pas. Il n'a pas de famille, il a laissé quelques cousins éloignés en Tasmanie avec lesquels il ne correspond pas. Il vit seul, c'est un célibataire endurci et il n'a pas d'amis, seulement quelques relations dans son service à l'armée. Quant à lui-même, il mérite une totale confiance : son patriotisme, en particulier, est digne de tous les éloges. Et la médiocrité de sa carrière d'acteur est un avantage supplémentaire. S'il avait été connu, sa ressemblance avec Montgomery aurait déjà frappé de nombreuses personnes, mais ce ne sont pas ses brèves apparitions dans des pièces de troisième ordre qui ont pu lui attirer ce genre de renommée. A tous points de vue, Clifton James est l'homme de la situation ! Quelques jours plus tard, le capitaine Wattes est dans son bureau. Il se présente. Clifton James l'écoute, très intrigué d'avoir en face de lui un homme du MI 5. — Cela vous dirait de continuer à jouer les Montgomery ? — Pour le théâtre aux armées ? — Non, pas au théâtre, dans la vie... Et Stephen Wattes lui explique le projet qu'il a en tête : il s'agirait de monter une mise en scène à l'attention des Allemands, au cours de laquelle il se comporterait réellement comme le général. Tout en écoutant son interlocuteur, Clifton James a du mal à modérer son enthousiasme. Lui, l'obscur, va entrer dans le personnage du plus grand chef militaire britannique. Et pour quelle pièce : la plus grandiose, la plus exaltante ! Il va peut-être, par son action, jouer un rôle décisif dans la guerre. Des objections lui viennent pourtant à l'esprit. — Je ressemble physiquement à Monty, mais je ne sais pas quel est son comportement. Pour cela il faudrait que je l'approche. Est-ce qu'il sera d'accord ? Le capitaine Wattes sourit. — Nous lui avons tout expliqué. Non seulement il est d'accord, mais il vous attend... Et, quelques instants plus tard, Clifton James part à bord de la voiture du capitaine Wattes rencontrer le chef des armées britanniques. Le véhicule franchit aisément tous les barrages de ce véritable camp retranché de Portsmouth et arrive au grand quartier général allié. Montgomery est logé dans une imposante bâtisse aux allures de château. La confrontation avec son sosie est impressionnante. Les deux hommes se ressemblent d'une manière hallucinante, même de près il est impossible de les distinguer. Ils se regardent aussi stupéfaits l'un que l'autre. Mais la similitude s'arrête là. Intérieurement, ils sont aussi différents qu'il est possible. Montgomery toise son vis-à-vis avec impatience, tandis que ce dernier est si ému qu'il vacille presque sur ses jambes. Le vrai Montgomery s'adresse à Wattes : — Qu'est-ce que vous attendez précisément de moi, capitaine ? (à suivre...)