Résumé de la 4 e partie n Après un court séjour chez le maréchal pour s'imprégner de ses manières, Clifton James se rend à Chypre, en tant que maréchal Montgomery... Au palais du gouverneur a lieu une réception à laquelle sont conviées plusieurs personnalités espagnoles connues pour être favorables aux Allemands. Durant une bonne partie de celle-ci, le maréchal Montgomery a une longue conversation avec son vieil ami Eastwood et, bien qu'ils parlent à voix basse, on peut entendre qu'il est question plusieurs fois d'un certain «plan 303». De Gibraltar, l'avion de Montgomery part pour Alger. Là, il est accueilli par le général Wilson, chef des armées américaines dans le pays. Monty le salue sur l'aéroport d'un sonore «Hello, Jumbo !» utilisant le sobriquet par lequel il a l'habitude de le nommer. Puis tous deux montent dans une Cadillac blanche escortée par quatorze motards de l'armée américaine et vont s'enfermer dans une villa sur les hauteurs d'Alger, protégée par une véritable petite armée. Ainsi qu'on a pu l'établir plus tard par leurs archives, les services secrets allemands se sont interrogés sur la signification de cette entrevue. Est-ce que cela ne signifiait pas que le débarquement d'Angleterre allait être précédé par un autre venant d'Afrique ? Ils n'auront en tout cas pas longtemps à se poser la question. Nous sommes alors le 5 juin 1944. Le lendemain à l'aube, c'est le Jour le plus long qui commence sur les plages de Normandie. Sans qu'on puisse établir avec certitude que la chose était liée avec l'opération du faux Monty, les historiens ont été frappés par la surprise qui a été celle des Allemands. Rommel, chef des troupes du mur de l'Atlantique, était à Berlin pour l'anniversaire de sa femme, l'état-major de la VIIe armée, qui défendait la Normandie, était en permission à Rennes et une division de panzers avait été envoyée dans le Midi. En tout cas, pour Clifton James, le rideau est tombé. Habillé de son uniforme de lieutenant, il revient en Angleterre en compagnie du général Herwood, l'aide de camp de Montgomery, qui doit retrouver son chef au plus vite. Ce dernier le complimente pour sa performance. — Vous avez été à la hauteur, James ! Vos nerfs n'ont pas flanché. Les nerfs de Clifton James n'ont pas flanché, mais il est épuisé. Il n'a pas encore retrouvé ses esprits. Entendant s'exprimer cet homme qu'il a rudoyé depuis des jours, il réplique d'une voix bourrue : — Mes nerfs ! Qu'est-ce que c'est que cette ânerie, par Jupiter ? Puis il se rend compte qu'il est en train de s'adresser à un maréchal et qu'il est en uniforme de lieutenant. Il se répand en excuses. Ainsi s'est terminé le fait d'armes de Clifton James, qui a peut-être changé le cours de l'histoire. Il a en tout cas changé le cours de son existence car, à partir de là, rien pour lui n'a été comme avant. Après la démobilisation, il a bien tenté d'exploiter son aventure. Il a tenu le rôle de Monty dans un film médiocre consacré au maréchal Montgomery, qui n'a eu aucun succès. Et cela s'est arrêté là. Car non seulement son numéro d'imitation n'a pas servi sa carrière, mais il lui a porté un coup fatal. Chaque fois qu'il apparaissait sur scène il était salué dans le public par des cris : — Salut, Monty ! Sacré vieux haricot ! Alors Clifton James a cessé de jouer. Un cirque de Blackpool l'a exhibé pendant un moment, et puis il en a eu assez, il a arrêté toute activité. Il s'est retiré à Worthing, vivotant de sa pension de blessé de la guerre de 14. Jusqu'à ce jour de 1964 où les brancardiers sont venus le chercher et où il a lancé sa dernière réplique.