Résumé de la 1re partie n Ancien militaire, Clifton James se prend pour le maréchal d'Angleterre Montgomery... Des troupes considérables sont concentrées dans l'île : Anglais, Américains, soldats de tous les dominions britanniques, soldats alliés. C'est qu'un grand événement qui se prépare : le débarquement en France. Et, pour occuper tous ces militaires forcés à l'inaction, il y a, entre autres, des représentations théâtrales. Dans son service, Clifton James est populaire pour une étonnante raison : il possède une ressemblance frappante avec le maréchal Montgomery. Même plus que cela, il est son véritable sosie. Bien entendu, tout le monde ne l'appelle plus que Monty, et c'est devenu l'objet de plaisanteries perpétuelles. Ce jour-là, le colonel chef de son service vient le trouver — Dites-moi, James, vous êtes bien acteur dans le civil ? Cela vous plairait-il de remonter sur les planches ? — Certainement, colonel ! — Il y a une représentation du théâtre aux armées, au Nottingham Hall. J'ai pensé que vous pourriez faire une imitation de Monty. Cela amuserait la troupe. Clifton James accepte sans se faire prier. La représentation a lieu, et ce n'est pas un succès, c'est un triomphe ! Clifton James apparaît en uniforme de général de cavalerie, celui de Montgomery, avec sur la tête son fameux béret noir. Il prononce quelques mots en imitant sa voix, telle qu'il a pu l'entendre aux actualités, et toute la salle se dresse en hurlant : — Salut, Monty ! Sacré vieux haricot ! Il y a même des journalistes qui sont là. Tandis que Clifton James poursuit son numéro, des flashs crépitent et le lendemain, 14 mars 1944, il a droit à un article sur quatre colonnes dans le News Chronicle. On y voit, entre autres, sa photo avec la légende : «Non, ce n'est pas lui. Son nom est James.» Cet article, le capitaine Stephen Wattes le considère avec attention. Il tire plusieurs bouffées de sa pipe et se ressert une tasse de thé, car l'idée qui lui est venue mérite d'être sérieusement examinée. Le capitaine Wattes est l'un des plus brillants éléments du MI 5, le service d'espionnage anglais. En cette période, la majeure partie de son activité concerne le Débarquement, et il y a peut-être quelque chose à tirer de cela. Quelques minutes plus tard, le capitaine Wattes est dans le bureau de son chef, le colonel Lester. Il lui montre l'exemplaire du News Chronicle, avec la photo de Clifton James. Le colonel Lester hoche la tête. — Je vois... Qu'est-ce que vous suggérez au juste ? — Le maréchal Montgomery est en ce moment à Portsmouth, en compagnie du général Eisenhower. — Je le sais parfaitement. Il dirige l'entraînement des troupes du Débarquement. — Oui, mais les Allemands le savent aussi. Nous venons de capter un message radio y faisant état... Le colonel Lester fait une grimace. Le camp de Portsmouth où est concentrée l'armée du Débarquement est l'endroit le plus secret et le mieux protégé d'Angleterre et pourtant les Allemands y ont des informateurs sur place ! C'est évidemment une mauvaise nouvelle, mais ce que vient de dire le capitaine pourrait transformer ce point marqué par l'ennemi en avantage. Son subordonné poursuit son idée : — Imaginez que Monty quitte Portsmouth pour aller très loin : qu'en concluraient les Allemands ? Que le débarquement n'est pas pour tout de suite. Ils relâcheraient leur garde des côtes. (à suivre...)