Témoignages n La couleur du sacrifice est l'histoire de ces oubliés de l'Histoire, ces anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. La couleur du sacrifice est un film - un documentaire - de Mourad Boucif, dans lequel est racontée l'histoire de ces oubliés de l'Histoire, ceux qui se sont engagés et par conviction et par espoir. Conviction, parce qu'ils croyaient à l'action qu'ils allaient mener. Espoir, parce qu'ils pensaient qu'une fois le travail fait, ils auraient accès aux mêmes droits et libertés que les Européens. La couleur du sacrifice est l'histoire de ces «indigènes» qui ont combattu aux côtés des Français, lors de la Seconde Guerre mondiale contre l'impérialisme nazi, et dont les espoirs ont tourné court au lendemain de la guerre. Tous ont été relégués à l'oubli - et à l'indifférence. Le sort et le destin de ces «oubliés de l'Histoire» semblent, une fois encore, susciter l'intérêt du cinéma comme Indigènes, un long-métrage de fiction de Rachid Bouchareb, La couleur du sacrifice va sur les traces des anciens combattants. Voilà alors une autre représentation cinématographique qui ressuscite ces hommes utilisés comme chair à canon, et réhabilite leur mémoire. Mourad Boucif filme les derniers survivants de la Seconde Guerre mondiale, derniers témoins d'une «après-guerre occultée». Le film rend ainsi un hommage aux anciens combattants maghrébins et africains qui, pour certains, ont été recrutés de gré alors que d'autres l'ont été de force. La couleur du sacrifice est une redécouverte d'un passé récent, intime, secret ; il s'agit d'une histoire négligée, une identité refoulée, parfois bafouée, malmenée, ignorée. La couleur du sacrifice de Mourad Boucif comme Indigènes de Rachid Bouchareb, où il est question de souffrance, d'oubli, de misère, d'indifférence et également d'une page déchirée de l'Histoire, sont deux films, voire deux cinémas s'intéressant à l'histoire des anciens combattants d'origine aussi bien maghrébine qu'africaine. Leur histoire est doublement liée à l'histoire, d'abord à l'histoire de la France comme à l'histoire de leur pays d'origine. En somme, leur histoire fait partie de l'histoire de l'humanité. Elle est universelle. Car par leur courage – à l'instar de tous ceux qui sont morts sur le champ de bataille au nom de la liberté et de la paix – comme par leurs convictions, et bien qu'ils aient été, pour la plupart, enrôlés de force sur le front, étaient déterminés à sauver le monde d'un péril certain : ils ont, pour certains, risqué leur vie, alors que pour d'autres ils l'ont sacrifiée pour mettre fin à la barbarie et à l'inhumanité. Ils ont donné le meilleur de leur jeunesse, parfois de leur enfance. Ils ont sacrifié leur innocence – la plupart étaient jeunes âgés de 13 à 17 ans – pour répondre à l'appel de la Patrie, celle de toute l'humanité. Enfin, il est question dans La couleur du sacrifice comme dans Indigènes de souffrance, d'oubli, de misère, d'indifférence et également d'«une histoire déchirée de l'Histoire». On rappellera, à titre d'information, que La couleur du sacrifice a mis six ans à se monter en Belgique, sans le soutien de la Rtbf qui rejeta deux fois le projet. Un travail à compte de réalisateur sur fonds propres.