De notre bureau de Tizi Ouzou D. Madjda Rendez-vous n Le colloque international sur le «Soufisme, culture et musique» dans sa 5e édition, s'est ouvert, hier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Le colloque auquel prennent part des participants venus de différents pays (Turquie, Maroc, Tunisie, France, Belgique, Egypte…), est placé sous le thème de la chevalerie spirituelle dans l'ordre Rahmani, une tarîqa née chez les Ath Smaïl dans la daïra de Boghni et fondée par Sidi Mohamed Ben Abderrahmane, El-Djedjeri, El-Guechtouli, El-Djazaïri El-Azhari. La rencontre qui se poursuivra jusqu'à mercredi se veut une occasion pour mettre la lumière sur un ordre religieux qui a joué un rôle important dans la résistance contre le colonialisme français (insurrection de 1871) et œuvrer pour inculquer aux jeunes, des valeurs de fraternité de tolérance et d'entraide. Dans son allocution Mazouz El-Hocine, wali de Tizi Ouzou, n'a pas omis de souligner ce rôle ainsi que les valeurs spirituelles du soufisme que la Rahmania a adoptées. «La Rahmania a enseigné aux jeunes la compassion, la générosité, à aider les pauvres et à chasser toute forme d'égoïsme (…) comme elle a participé dans l'éducation et la diffusion d'enseignements, sans omettre sa position pour la résistance contre le colonialisme». Mohamed Brahim Salhi de l'université de Tizi Ouzou et qui a été le premier à intervenir, a présenté une communication sous le thème «La Rahmania : une spiritualité entre le global et le local». Ce chercheur qui a à son actif plusieurs années de recherche sur la tarîqa Rahmania, a largement abordé la naissance de la Rahmania et son épanouissement à partir de la fin du XVIIIe siècle. Dans une Kabylie où il y avait déjà un réseau de zaouïas, la Rahmania a su fédérer toutes ces structures religieuses autour d'elle«car les principes d'adhésion à cette tarîqa reposent sur la connaissance juridique (charia), la connaissance des doctrines mystiques et le savoir du Coran. Les zaouïas n'avaient pas de problème à rejoindre la Rahmania car le privilège était donné à la compétence scripturaire». En outre, si la tarîqa comptait des talebs qui ont ces compétences scripturaires, la Rahmania s'est aussi ouverte à ceux qui n'en ont pas. Il s'agit des Khounis (disciples). Ces derniers ont le mérite d'avoir codifié une pratique interne à la confrérie à savoir le dhikr ou le chant religieux et de l'ouvrir vers la société en composant des poèmes en langue kabyle tout en s'imprégnant des réalités de la société et des valeurs du groupe avec pour objectif d'édifier le croyant en obéissant au plan spirituel de la Rahmania. Dans sa conclusion, le conférencier a tenu à souligner que la Rahmania n'est pas une confrérie guerrière et militaire, mais les circonstances ont fait – tout comme pour la Kadiria et la Chikhaouia – qu'elle s'est jetée dans la résistance et a développé une vocation politico-militaire. Selon lui «Elle n'avait ni la volonté de régenter la société ni la prétention d'exercer une pression physique ou morale sur le croyant. Elle enseigne une religion tranquille et de paix et non pas d'imposition et de contraintes. Sa participation dans la résistance était par devoir et c'était une réaction logique contre le colonialisme et c'est tout à son honneur».