Résumé de la 4 e partie n Le baron réussit à arriver en Autriche, mais en apprenant que sa bien-aimée avait refusé les alliances proposées par son frère, il décide de retourner en Allemagne où, encore une fois, il est arrêté... Frédéric II a mis au point pour lui un régime particulier une fois par semaine, on lui passera, par un guichet percé en son milieu, un morceau de pain et une cruche d'eau. C'est tout il n'entendra plus, désormais, le son de la voix humaine. Mais ces conditions effrayantes de réclusion et de solitude ne le rebutent pas, bien au contraire. Il ne voit qu'une chose : il n'aura de contact avec ses geôliers qu'un jour par semaine, ce qui lui laisse six jours pour agir en toute tranquillité. Le seul mobilier de son cachot est un lit de planches, rivé au mur par des barres de fer. Il voit aussitôt en elles les outils dont il a besoin. Il les arrache de sa poigne puissante. Il en fait un pic et un levier, il entreprend de desceller les briques du sol, puis de creuser un tunnel qui doit déboucher à l'extérieur de la forteresse. C'est un travail gigantesque, insensé, mais Frédéric de Trenck n'a jamais douté de rien. Mètre après mètre, son tunnel avance. Le plus difficile est d'évacuer la terre. Il doit le faire pincée après pincée, à travers les interstices étroits du soupirail haut perché. Et, une fois par semaine, il doit tout remettre en place car le geôlier jette un coup d'œil dans sa cellule en même temps qu'il lui apporte sa pitance. La progression est malgré tout beaucoup plus rapide qu'il ne l'imaginait, quand au bout de onze mois survient l'imprévisible. Des soldats font irruption et l'emmènent. On a décidé, par précaution, de le changer de cellule. Et celle où il est conduit est plus horrible encore que la première : un cul-de-basse-fosse tout au fond de la forteresse, un véritable tombeau où il peut tout juste se tenir debout. Ce n'est pas tout. Peu après, les soldats reviennent. Son tunnel a été découvert et de nouvelles mesures ont été décidées contre lui. Il se retrouve bientôt enchaîné à la taille par une ceinture de fer reliée au mur ; ses mains et ses pieds sont également chargés de chaînes. L'ensemble ne pèse pas moins de soixante-huit livres, c'est à peine s'il peut faire un geste. Tout autre aurait sombré dans le désespoir et la folie, mais pas le baron de Trenck. Il se remet courageusement au travail avec l'instrument dont il dispose, car ses geôliers ont commis l'imprudence de lui laisser un couteau. Tout comme à Glatz, il a tôt fait de le transformer en une lime, avec laquelle il s'attaque à ses chaînes. Il ne lui faut pas moins d'un an pour venir à bout de celles-ci. Une fois qu'il a retrouvé la liberté de ses mouvements, il recommence à creuser. Ce coup-ci, on ne le change pas de cellule. Il a donc tout le temps de mener sa tâche à bien. Et il lui en faut : il mettra dix ans pour achever son tunnel. D'après ses calculs, il doit déboucher à l'extérieur du château. Il est en train de réfléchir au moment le plus propice pour tenter son évasion lorsque la clé tourne dans la serrure. A cette heure tout à fait inhabituelle, il ne s'y attendait pas. Il a juste le temps de remettre ses chaînes sur lui. Le commandant de la forteresse apparaît, encadré de plusieurs soldats. C'est la première fois qu'il lui rend visite. — Monsieur, j'ai une nouvelle à vous annoncer. Frédéric de Trenck se lève, et c'est la catastrophe ! Les chaînes, qu'il a mal réajustées dans sa précipitation, glissent au sol avec un bruit de ferraille. Les soldats se précipitent pour le maîtriser. Le commandant est éberlué. — Comment avez-vous pu réussir une chose pareille ? (à suivre...)