L'Exécutif actuel doit partir et laisser place à une équipe neutre et sans couleur politique pour garantir la transparence et la régularité du scrutin d'avril 2004. Cette exigence semble constituer un consensus minimum qui réunit la majorité des potentiels candidats à la présidentielle se voyant mal engagés dans une course électorale avec des règles biaisées. Mais est-ce là la seule condition pouvant garantir la régularité de la prochaine présidentielle? L'ancien président de la République, Liamine Zeroual, avait confié l'organisation du scrutin 1999 à une équipe composée de technocrates et menée par Smaïl Hamdani, alors chef du gouvernement. Les élections de 1999 avec tous les gages apportés par Zeroual et Hamdani se sont tenues malgré le coup de théâtre des 7 candidats qui avaient préféré se retirer de la course à la veille de l'ouverture de la consultation, «plutôt que de cautionner une autre dérive d'un pouvoir en déclin et qui a montré un parti pris flagrant pour un candidat choisi dans les arcanes des salons (communiqué commun des candidats qui s'étaient retirés de la course)». Le jeu, malgré toute la bonne volonté de l'équipe gouvernementale en place, s'était situé au niveau des organes de contrôle créés pour assurer le régularité de l'élection. La Commission indépendante de contrôle de l'élection présidentielle (Cnisep), présidée par M.Mohamed Bedjaoui, avait la lourde tâche de donner un semblant de caution à un vote devenu simulacre après le clash des retraits. La majorité des recours et autres plaintes déposées par les candidats (à l'exception de celui du consensus) fut royalement ignorée à tel point qu'ils se retrouvèrent contraints de jeter l'éponge à quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote. Le gouvernement Ouyahia doit partir mais, en plus de cela, les futurs candidats au prochain scrutin d'avril 2004 devraient s'assurer de la neutralité des organes de contrôle, décriés à l'occasion de chaque vote. Mais au rythme de l'évolution de la situation, Ouyahia inscrit l'action de son gouvernement dans le temps et rien n'indique que Bouteflika accepterait d'aller vers les urnes avec des règles fixées par les autres.