Résumé de la 4e partie Mme Parmentier tend au policier une lettre pour qu?il la lise. «Et vous voudriez que j?envoie des colis ? Comme c?est vous qui m?en avez parlé, j?ai pensé que, peut-être, j?aurais pu vous donner l?argent et que? ? Ce n?est pas une question d?argent, c?est plutôt que je n?ai pas la moindre idée de ce qu?il faut faire comme colis. Mais je vais en parler à ma femme. Vous avez l?adresse ? ? Je ne l?ai pas ici, mais vous savez où la trouver puisque vous avez déjà fouillé mon secrétaire. ? Je faisais mon métier. ? Je sais. Par la même occasion, vous y trouverez tout ce qui concerne cette petite, si votre femme veut s?en occuper? On ne sait jamais.» Dans la cellule de la prison de Fleury-Mérogis qu?elle partage avec une autre détenue, Mme Parmentier, les semaines s?écoulant, se sent de plus en plus concernée par la vie de cette enfant lointaine. L?idée qu?elle ne dépend que d?elle, qu?elle est peut-être responsable de sa survie, devient en même temps qu?un grand souci son unique raison de vivre et de ne pas sombrer dans le désespoir. Chaque mois, elle dresse avec soin la liste des produits et des objets, calculés au gramme près, qui doivent composer le colis. Chaque mois, c?est la femme du policier, aux allures de paysanne, qui l?expédie. Elle commence à s?intéresser, elle aussi, à la vie de la petite Nurjhan. C?est ainsi que les deux femmes sont bouleversées lorsqu?elles apprennent que le père de l?enfant venant de mourir, la mère se livre à la prostitution pour faire vivre le reste de la famille. L?accumulation de malheurs sur la tête de cette enfant est d?ailleurs inimaginable, car s?ur Mathilde écrit à Mme Parmentier que l??il de la petite Nurjhan la fait souffrir énormément et qu?il faudrait la conduire à Mymensingh pour la faire opérer. Ce qui coûterait assez cher, car Mymensingh, c?est loin. Mais les deux femmes atteignent le comble de l?angoisse lorsque la presse répand l?affreuse nouvelle : «Inondations catastrophiques au Bangladesh.» Les journaux du monde entier se répandent en commentaires, en descriptions affreuses sur ces inondations qui sèment la douleur et la ruine : nouveau facteur de misère matérielle, physique et morale. Alors que le coût de la vie augmente de mois en mois de façon catastrophique, les récoltes sont aux trois quarts anéanties. Et de décrire le spectacle de ces moissons couchées sous les eaux où, pour opérer une coupe, il faut tâter la tige avec le talon. Impossible de sécher ou de battre le grain, qui pourrit ainsi que la paille, seule nourriture des troupeaux sur laquelle comptaient les paysans. Toutes ces photos affreuses d?enfants squelettiques aux gros ventres et de vieillards expirant au coin des rues sont devenues quotidiennes malheureusement. Et c?est là que cette histoire, à première vue banale, devient ? si l?on y réfléchit bien ? tout à fait extraordinaire. Le 27 octobre 1973, le jour même où Mme Parmentier fait repasser la robe noire avec laquelle elle essaiera de se présenter dignement aux assises, une grosse dame en manteau beige, l?air d?une brave concierge, traînant deux valises, prend l?avion au Bourget pour le plus long, sinon le seul grand voyage de sa vie. Deux jours plus tard, lorsque Mme Parmentier entre dans le box des accusés, la grosse femme du vieux policier au grand nez descend de l?avion à l?aéroport de Dacca. Tandis que dans le silence des assises Mme Parmentier, debout, entend lire l?acte d?accusation, la femme du policier serre la main de la bonne s?ur qui l?attendait à l?aéroport et monte dans sa jeep. Il est impossible de démarrer à cause des grappes de mendiants qui s?accrochent à la voiture et enfoncent leurs écuelles vides par les portières. (à suivre...)