Icône n Mouloud Djazouli, ancien secrétaire général du premier club algérien musulman de 1930, où il avait à peine 16 ans, à 1974, s'en est allé à sa dernière demeure. Modestement, InfoSoir tente de lui rendre un vibrant hommage. Il n'est jamais aisé de raconter la vie d'un homme, alors que dire de cette sommité qu'est Mouloud Djazouli, le dernier des dirigeants légendaires du Mouloudia Club Algérois. Dans un livre qui lui est consacré, sorti en avril 2008, Mohamed Hassaine, un ancien d'El-Moudjahid, et son fils Mokhtar, racontent Mouloud Djazouli qui, lui, conte l'histoire du Mouloudia à travers un vécu riche, documenté, argumenté et surtout authentique. Et comme les hommes d'avant, les vrais dirigeants bénévoles et dévoués à servir leur club et non pas à s'en servir, ont cette vertu de s'effacer, Djazouli ne s'attarde aucunement sur sa personne ni sur ses prouesses personnelles. Avec l'âme militante et le sens du devoir, il met en exergue l'histoire du Mouloudia et l'itinéraire de ce club qui n'était autre que le bastion du mouvement nationaliste à travers le combat qu'il a mené et les hommes qu'il a sacrifiés. Djazouli rappelle la naissance du MCA où comment Abderrahmane Aouf, âgé alors de 19 ans, traficota ses papiers pour pouvoir donner l'acte officiel du club, son premier match perdu devant l'Elan de Bab El-Oued (0 à 8 !) le 15 octobre 1921 à Raïs Hamidou (ex-Pointe Pescade), le premier conseil d'administration et les premiers statuts du club. Devant les interdits et les sabotages de l'administration coloniale française de l'époque, y compris les structures chargées de la gestion du football (fédération et ligue), le jeune secrétaire général qu'est devenu Mouloud Djazouli mena une bataille féroce pendant plusieurs années, que ce soit sur les plans juridique, administratif et dans les coulisses. Grâce à des hommes comme Djazouli, le football algérien est mis sur les rails, rien ne peut l'arrêter et la conquête ascensionnelle commence dans toutes les dimensions. Aâmi Mouloud, comme l'appellent tendrement les fidèles du Mouloudia, nous a quittés samedi et enterré hier au cimetière d'El-Kattar où une foule nombreuse l'a accompagné à sa dernière demeure. Tous ceux qui l'ont connu rappelaient ses qualités d'homme et de fidèle serviteur d'un club qu'il a toujours porté dans le cœur et dans les veines. Après avoir formé la meilleure triplette que le Doyen ait connu, les fameux trois «D» (en référence à Ahmed Djaout, Braham Derriche dont une fondation lui a été consacrée), Mouloud Djazouli s'est replié humblement des affaires du club pour devenir un simple supporter. Mais un supporter pas comme les autres, car il vivait intensément les péripéties de son club chéri, souvent très mal ses mutations, ses tragédies sportives, les errements de ceux censés le diriger et préserver l'héritage légué par les anciens. Il ne s'empêchera pas d'ailleurs, à maintes reprises, de rappeler à «l'ordre» avec sa plume, ceux qui ont fauté ou qui ont porté préjudice au Mouloudia, notamment les dirigeants. Enfin, disons-le franchement : parler d'un monument comme Djazouli, narrer ses qualités et ses travaux herculéens n'est pas une mince affaire, retenons simplement que la race de dirigeant comme lui, il n'en existe plus de nos jours. Il n'y a qu'à contempler ce qui reste de ce club pour en être profondément convaincu.