A Rafah, certains entrent, d'autres sortent. Mais la plupart attendent des heures, voire des jours, pour satisfaire aux procédures de l'administration égyptienne. Le terminal de Rafah, frontalier de l'Egypte, est un centre de transit où les destins se croisent, bouleversés par la guerre. On y trouve des civils qui fuient la bande de Gaza, des médecins étrangers qui viennent aider, des ambulances qui évacuent des blessés quand d'autres ramènent des morts. Vaste complexe géré par l'Egypte et protégé par de hautes grilles, le terminal joue un rôle stratégique car il est le seul point d'accès du territoire palestinien qui ne soit pas contrôlé par Israël. « Je n'en crois pas mes yeux d'être ici», confie Faïza, une Algérienne de 37 ans, au moment de franchir les portiques de sécurité du terminal. En dix ans, depuis son mariage avec un Palestinien, elle n'était jamais sortie de la bande de Gaza. Sa voix est lente, son français hésitant. Elle-même se dit «traumatisée» après trois semaines d'offensive israélienne, et envisage déjà des consultations chez un psychologue pour elle et ses enfants. «Ma fille de quatre ans se cache sous la table dès qu'elle entend un avion, mon petit garçon de six ans a recommencé à faire pipi dans sa culotte car il a peur d'aller seul aux toilettes», raconte-t-elle. «Moi, je ne dors plus la nuit.» Sur un des parkings du terminal transitent aussi des blessés évacués après avoir reçu les premiers soins à Gaza. Des dizaines d'ambulances oranges du Croissant-Rouge sont prêtes à faire demi-tour, toutes sirènes hurlantes vers les hôpitaux du Caire ou d'Al-Arich, la première grande ville égyptienne depuis la frontière. D'autres, plus discrètes, ramènent des corps de Palestiniens qui n'ont pu être sauvés et qui iront se faire enterrer dans la bande de Gaza. Garées à proximité, 12 ambulances blanches aux plaques d'immatriculation temporaires attendent d'être conduites dans la bande de Gaza. Sur un autre parking, des ouvriers transbordent d'un camion à l'autre des tonnes d'aide humanitaire et médicale venues du monde entier. A l'extérieur, côté égyptien, de longues files de poids lourds témoignent de l'élan de solidarité international, et notamment arabe.