Technique n La balistique s'intéresse à étudier les morts provoquées par des armes à feu, en recherchant les caractéristiques des projectiles et des armes quand elles sont disponibles. Des armes, il en existe depuis toujours : de la pierre taillée, dont se servaient nos lointains ancêtres, aux révolvers les plus perfectionnés, en passant par le poignard, l'arc ou le fusil. L'invention des armes à feu a bouleversé la conception de la guerre, introduisant des instruments de destruction plus efficaces et surtout plus massifs. Les pistolets, d'abord couteux, sont devenus des objets courants, et cela en dépit des législations qui tentent d'en réglementer la vente et la possession. Certes, c'est une arme défensive d'une grande efficacité, mais c'est aussi, l'un des instruments modernes du crime : agressions, attaques à main armées, crimes… Comme la médecine légale s'est évertuée à déterminer les causes des morts suspectes, une nouvelle discipline, la balistique, va s'intéresser à étudier les morts provoquées par des armes à feu, en recherchant les caractéristiques des projectiles, l'étui, la douille et, si elle est disponible, l'arme, pour identifier cette dernière, pour déterminer la trajectoire ou la distance à laquelle la balle meurtrière a été tirée. Un très long chemin à parcourir pour les chercheurs qui vont s'engager dans cette voie, avec des succès éclatants, mais aussi des échecs. C'est quelques histoires de la grande histoire de la balistique que nous allons raconter ici, pour nos lecteurs. En 1835, l'Anglais Henry Goddard, l'un des fondateurs de la balistique, examinait une balle extraite du corps d'une victime. Il retourne et tourne la balle, se demandant de quelle arme elle a été tirée. On a bien un suspect, mais il faut prouver que c'est lui qui a tiré la balle meurtrière. Soudain, Goddard remarque que la balle porte une toute petite bosse. Il la compare à une balle qui n'a pas été utilisée : celle-ci ne présente aucune anomalie similaire. Il demande une autorisation de perquisitionner chez le suspect. Il découvre, caché dans le plancher, un moule pour fabriquer des balles de plomb. Le moule a un défaut : un très léger enfoncement. Il place la balle du crime dans le moule : la bosse s'enfonce dans le petit trou. Pressé de questions, le suspect finit par avouer. La balistique venait de faire ses preuves. En 1860, l'examen permet de mettre la main sur un autre criminel. Cette fois-ci, il s'agit d'un policier, dont on n'a pas conservé le nom, appelé à enquêter sur le meurtre d'un collègue. Le policier s'est attardé sur la bourre qu'on utilisait à l'époque pour maintenir la cartouche dans le pistolet. Sur le cadavre, le policier, appelé à la rescousse, découvre des restes de bourre – du papier journal – dégageant encore l'odeur du souffre. On perquisitionne dans le logement d'un suspect et, on découvre un pistolet à double canon. L'un des canons portait les traces d'une balle qu'on venait de tirer, l'autre était préparé, avec une bourre faite avec du papier journal. On reconnaît un morceau du journal Times, et son directeur peut même en donner la date. Le suspect finit par avouer. Certes, on s'intéresse de plus en plus aux armes, mais les experts auxquels on s'adresse ne sont pas toujours compétents. Il s'agit généralement d'armuriers, qui ont, il est vrai, l'expérience des armes, mais qui n'ont pas toutes les connaissances scientifiques. (à suivre...)