Inspiration n Djahida Houadef fait dans l'art singulier, c'est-à-dire une peinture différente, inhabituelle, parfois insolite. Il n'y a certes pas de mouvement ou même de courant artistique proprement dit, susceptible de marquer le paysage artistique algérien, mais Djahida Houadef a su, par son imaginaire, en créer un. Elle a su s'inscrire dans une tendance, en se démarquant des autres artistes qui, pour la plupart, s'exécutent dans des styles ou genres types, classiques ou formalistes, voire une manière et une esthétique figée. Il y a des artistes qui font dans le figuratif, s'attachant à exprimer la réalité objective ou à reproduire ce que l'œil perçoit, et dans la plupart des cas, ce sont des paysages naturels ou des sites urbains et patrimoniaux qui font l'objet d'une représentation picturale. D'autres artistes, en revanche, préfèrent adhérer à une représentation psychique ou mentale de la vie, du monde, de l'homme, c'est-à-dire ils font dans l'abstrait. Or, Djahida Houadef fait dans ce qu'on peut appeler unanimement l'art singulier, c'est-à-dire une peinture différente, inhabituelle, parfois insolite. Certains la qualifient de naïve, d'autres de féerique, et d'autres encore de fantastique. «En fait, c'est un mélange de tout», dit-elle. Et d'ajouter : «On dit souvent de ma peinture qu'elle est instantanée, spontanée, certes elle l'est, mais elle est aussi – et plutôt – réfléchie. C'est une peinture voulue, désirée.» Il y a en effet le fort désir de peindre – l'artiste en est foncièrement habitée et motivée. Il y a également le désir de dire et de représenter. Djahida Houadef imagine un univers qui, à lui seul, se conjugue au féminin. Elle peint inlassablement la présence féminine. Un monde d'une explosion de forme et de couleurs où sont mises en scène des femmes, toutes ravissantes, splendides, enchanteresses, pleines d'ivresse et remplies de joie – ces femmes naissent comme par magie. «Les femmes me représentent, elles me ressemblent», souligne-t-elle. Et de poursuivre : «C'est mon univers.» C'est aussi une manière de plaire au regard, celui qui observe. Par ma peinture, je cherche à plaire. Je cherche aussi un apaisement, un bonheur, une évasion», dit-elle. Les femmes que l'artiste peint et repeint – elles reviennent d'une peinture à l'autre telle une redondance – sont des femmes-fleures. Elles prennent naissance dans un jardin fleuri. Ces femmes sont de composition florale. À première vue, elles apparaissent identiques et, pourtant, ô combien elles sont dissemblables, différentes tant par leur regard que par leur sourire, par l'expression de leur visage que par leur tournure corporelle. Si dans ses premières peintures comme Qasbadjiette ou Qassassete, la présence féminine est récurrente, il se trouve que dans sa dernière création – elle a pour titre Fragment pictural – elle tend à disparaître. «Le personnage a complètement disparu», dit-elle. La femme disparaît et il n'en subsiste qu'un souvenir évasif, fragmenté : l'artiste éclate sa peinture pour en faire des fragments, et chaque fragment est appelé à devenir lui-même une œuvre entière. l «Je m'approche de l'abstrait en travaillant sur les couleurs et les aplats. C'est un travail de composition auquel je me livre», déclare l'artiste. Ainsi, Djahida Houadef, pour qui l'art est un perpétuel renouveau, s'essaye, comme tout artiste soucieux de renouveler son champ thématique ou ses sources d'inspiration, ou encore d'expérimenter de nouvelles pistes la menant à une création inédite, à de nouvelles pratiques. En somme, elle innove.