Carence n Le livre est une culture et en même temps une industrie. Mais, en Algérie, il semble n'être ni l'un ni l'autre. Kaci Hadjar est de ces auteurs qui s'adonnent à l'écriture plus par vocation et par passion. Il est professeur en chirurgie obstétrique, mais parvient régulièrement à achever des romans qui n'ont rien à envier à ceux d'écrivains affirmés. Pour lui, c'est simple : «le livre est une culture et doit l'être, car c'est avec le livre qu'on peut combattre l'ignorance.» Le livre a besoin de garder sa vocation, même si, reconnaît-il, «on lit de moins en moins du fait de la montée de l'audiovisuel». La lecture était, selon lui, à la fois un loisir et une richesse qui «nous a permis d'embrasser une autre culture». Pour le professeur Hadjar, les initiatives de certains éditeurs pour promouvoir la lecture sont louables, même si des éléments dissuasifs sont à signaler. Il citera à ce propos, le refus souvent manifesté de la part des éditeurs de publier ce qui «ne rapporte pas», comme les recueils de poèmes ou qui risquent de «causer des ennuis», tels les livres à scandales…. «Les éditeurs tentent de drainer les livres qui rapportent et qui sont susceptibles d'être lus», dira ce passionné de philosophie et de livres classiques. La libéralisation de l'économie en Algérie et, par extension, de la pensée, laisse espérer que l'industrie du livre va connaître un essor même si la montée en puissance de l'Internet tend à marginaliser cet instrument. Une approche que partage peu, notre écrivain. Pour lui, le livre gardera, quelle que soit l'évolution des technologies, son importance. «L'Internet peut même être un complément positif à la fois pour le lecteur et l'écrivain ayant besoin de se documenter, d'étayer ses arguments, et de s'informer», nuancera l'auteur de La machine infernale, un livre de philosophie riche en réflexions sur la condition humaine qu'il vient de publier avec un recueil de poèmes, Des joies et des peines. Les technologies de l'information tendent aujourd'hui vers une réelle massification. Ainsi pour éviter que le livre ne tombe en disgrâce, notre professeur-gynécologue préconise de prendre en charge en premier lieu la réforme de l'école sans se laisser «obnubiler par les technologies avancées à l'image de l'Internet et tous les artifices de la communication et du multimédia», avant d'ajouter qu'il est impératif d'inculquer à la jeunesse «les vertus qu'elle ne trouve pas toujours dans ces artifices». L'enfant, dit-il, a besoin d'être intéressé dès le primaire à la lecture «en lui donnant les bases de la langue ainsi que les fondations de l'instruction qui sont la lecture, le calcul et l'écriture».