Epreuve n Madagascar s'enfonce dans la crise et l'ONU appelle à traduire en justice les responsables de la mort des 28 manifestants. «En cette période de crise politique, je compatis et je soutiens moralement toutes les familles qui ont eu des décès», écrit la ministre dans un texte daté d'hier, dimanche, assurant : «En tant que mère je n'accepte pas cette violence.» «Selon ce qui avait été convenu au niveau du gouvernement, les forces de l'ordre étaient censées protéger la population et ses biens», a poursuivi Manorohanta ajoutant : «Alors, après tout ce qui s'est passé, je décide de ne plus faire partie de ce gouvernement à partir de ce moment.» Au moins 28 personnes ont été tuées et 212 blessées samedi, dernier, à Antananarivo par la garde présidentielle lors de la dispersion d'une manifestation appelée par le maire de la capitale, Andry Rajoelina, engagé dans un bras de fer contre le régime du président Marc Ravalomanana. La garde présidentielle a tiré sur des partisans de Rajoelina qui marchaient, à l'appel du maire, sur le palais abritant le bureau du président dans le centre d'Antananarivo. En tout, une centaine de personnes ont été tuées dans les violences qui ont émaillé depuis le 26 janvier, dernier, le bras de fer entre Rajoelina destitué de ses fonctions de maire par le pouvoir central et le président Ravalomanana dans la grande île de l'océan Indien.«Les militaires de la garde présidentielle ont tiré de sang-froid sur la foule désarmée des manifestants», a dénoncé le quotidien malgache La Gazette dans une édition spéciale, évoquant «un bain de sang comme on en a rarement vu dans notre pays depuis l'indépendance en 1960».Des dizaines d'habitants de la capitale se sont relayés, hier, dimanche, dans les couloirs de l'hôpital universitaire à la recherche d'un proche parmi les cadavres ou les blessés. Selon une source hospitalière, «90% des blessés souffrent d'impacts de projectiles métalliques». «Moi je dis à la population que leur vie, leur sang qui a coulé, on ne peut pas les laisser tomber. La lutte continue», a déclaré, après s'être rendu au chevet de ses partisans blessés, le maire Andry Rajoelina. Lui qui s'est autoproclamé en charge de la gestion des affaires du pays, s'est fait le porte-voix du ressentiment d'une partie de la population touchée par des difficultés économiques et attachée au respect des libertés publiques. Après le carnage de samedi, dernier, l'ONU a appelé le gouvernement malgache à traduire en justice les responsables de la mort des 28 manifestants. Dans un communiqué, la porte-parole du secrétaire général de l'ONU appelle les autorités malgaches à «mettre en œuvre d'urgence un processus pour que tous les responsables soient traduits en justice». Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, a, pour sa part, chargé l'ancien ministre ivoirien des Affaires étrangères de se rendre en tant qu'envoyé de l'UA, à Antananarivo. Ping a affirmé avoir pris cette décision du fait de «l'évolution de la situation à Madagascar et l'inquiétude de l'UA qui en résulte». Ping a renouvelé son appel aux parties concernées pour qu'elles fassent preuve de retenue et évitent toute action pouvant aggraver la situation.