Résumé de la 3e partie n Malgré le mauvais temps, Guy saute quand même et se tue. Gérard prend sa suite comme promis à son frère et ce, contre l'avis de sa femme... Rien n'a pu le faire changer d'avis, ni les avertissements de son entourage, lui disant que c'était provoquer le destin, ni les supplications d'Odette, avec qui il s'était marié depuis. Celle-ci, à bout d'arguments, a fini par lui lancer : — Si tu sautes, je te quitte ! Gérard Masselin lui a répliqué : — Quitte-moi ! Odette n'a pas mis sa menace à exécution, puisqu'elle est là, parmi le public, ce 1er juin 1962. Elle voit le petit avion emporter son mari très haut dans le ciel. Il fait un temps admirable. Gérard lui a dit que, dans des conditions pareilles, il ne risquait rien, que c'était uniquement à cause du manque de visibilité que les deux hommes-oiseaux, Théo Valentin et son frère Guy, s'étaient tués. Alors elle se raccroche à cet espoir et elle ferme les yeux. Là-haut, à trois mille mètres d'altitude, Gérard Masselin, lui, ne ferme pas les yeux. Il contemple le petit aérodrome en dessous de lui. La foule est si importante que malgré la hauteur il la voit parfaitement. Mais c'est une autre image qu'il aperçoit, une image vieille de treize ans. C'était en 1948, dans le pavillon de Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Il y avait alors quatre mètres cinquante de hauteur et non trois mille. Son frère Guy venait de sauter. Il l'avait vu tomber, et il n'avait pas hésité à prendre le relais. Alors, pour la deuxième fois, se fiant à ses ailes de toile comme il s'en était remis au parapluie paternel, il s'élance. Afin d'être vu de tout le monde au sol, il a emporté un sac de talc. Il l'ouvre et celui-ci laisse dans son sillage une grande traînée blanche. On peut suivre ainsi à la trace ses évolutions. Emporté par sa voilure, Gérard Masselin décrit des arabesques d'une audace folle. Il flotte dans les airs comme une plume ou une bulle de savon. Jamais le public n'a assisté à un tel numéro aérien, jamais l'expression d'homme-oiseau n'a autant mérité son nom. Enfin, très près, tout près du sol, il ouvre son parachute. Gérard a voulu qu'il soit des mêmes couleurs que celui de son frère Guy : c'est une grande corolle bleu-blanc-rouge qui s'ouvre dans le ciel bleu. A présent, il descend lentement, pour se poser juste au milieu de la piste. La foule pousse une immense ovation et Odette se précipite. Gérard, lui, retire calmement sa combinaison d'homme-oiseau qu'il a mise pour la première et la dernière fois. Il a tenu son serment. Son frère peut reposer en paix et lui recommencer à vivre comme avant.