Parcours n Chanteuse chaouie, elle contribue à faire connaître la réelle authenticité de la poésie chantée des Aurès sur la scène internationale. Après un sublime concert donné jeudi dernier à Alger, elle a bien voulu nous parler de son parcours artistique. InfoSoir : Vous vous êtes produite récemment pour la première fois à Alger. Vos impressions ? Houria Aïchi : Je ne savais pas comment cela allait se passer et comment allait réagir le public algérois (par rapport au concert). Et au final, il y a eu une très bonne réceptivité et une excellente ambiance, et c'est ce que je souhaitais. Merci. Comment vous est venue cette passion pour la musique et la chanson et particulièrement celle d'interpréter les chants des Aurès ? Cette passion du chant est un héritage familial dont je suis la 3e génération. En fait, toute petite, j'accompagnais souvent ma grand-mère qui était une chanteuse itinérante très appréciée, lorsqu'elle allait chanter pour des événements heureux, et donc, c'est à ses côtés et à son contact qu'est née ma passion pour la musique. Les Aurès étant ma région de naissance, il était donc normal que je m'en inspire. Ce travail que vous faites sur la chanson chaouie, relève-t-il d'un travail artistique ou un souci de sauvegarder le patrimoine ? Peut-on dire que vous êtes une troubadour des temps modernes ? (Rires). Oui, «troubadour des temps modernes», j'aime bien cette appellation, je prends. En fait je dirais les deux, puisque j'aime la musique et la chanson, et aussi pour la sauvegarde du patrimoine chaoui. Continuerez votre travail sur le patrimoine ? Le patrimoine et la mémoire aurasienne ? Oui, c'est ma manière à moi de travailler le chant. De plus, comme je suis anthropologue et sociologue, je procède comme un ethnologue, je recherche et collectionne les sources. Votre style est épuré. Vous utilisez surtout des instruments tels que le bendir et la gasba. Serait-ce par souci d'authenticité ? C'est ma nature. Je m'exprime avec cette authenticité et avec mes traditions, naturellement et sans efforts. Quelle sensation cela vous procure-t-il en interprétant, à travers le monde, les chants des Aurès ? Maintenant c'est devenu «normal» que je le fasse, mais effectivement, la première fois que j'ai chanté à New York et dans une prestigieuse salle, voulait dire, pour moi, que j'étais dans le juste et, bien sûr, il y avait ce sentiment de fierté. Parlez-nous de votre dernier album les Cavaliers de l'Aurès, pourquoi pareille appellation ? En fait c'est Rayan el khil, ce qui, littéralement veut dire, Les bergers des chevaux, et donc difficilement traduisible, d'où l'appellation de Cavaliers de l'Aurès, et ce, pour expliquer et pour parler du mythe, de la bravoure, de l'amour prônés par ces princes cavaliers. On dit que vous avez une voix gutturale, émise par le gosier, est-elle naturelle ou l'avez-vous travaillée ? C'est une manière de chanter propre au terroir, gutturale, rude, sauvage...tout comme Aïssa El-Djarmouni et plein d'autres encore. Mais avec le temps, je l'ai travaillée un peu plus. Une certaine Diane Bucciali, qui fait du chant lyrique, a déclaré à InfoSoir (édition du 13 janvier 2009), qu'elle aimait vous écouter et qu'elle serait heureuse de faire un duo avec vous. Avez-vous déjà envisagé de faire des fusions de ce genre ? Avec grand plaisir et je ne demande que cela. En fait, on a déjà fait quelque chose dans ce genre, avec Maya Pavloska et Jean-Marc Padovani, et ce fut une très belle collaboration.