Projection n La perspective d'un gouvernement israélien restreint de droite dirigé par Netanyahu se précisait ce lundi avec le refus affiché du travailliste Ehud Barak de se joindre à une coalition élargie. «Je ne vois pas comment le parti travailliste pourrait rallier le gouvernement que Netanyahu va créer», a, en effet, affirmé à la radio le ministre de l'Agriculture sortant, Shalom Simhon. «Le parti travailliste est très uni autour de Barak. Nous voulons nous renforcer dans l'opposition et nous disposons de beaucoup de temps pour devenir une alternative», a-t-il ajouté. Le parti travailliste, fondateur du pays, a réalisé son pire score historique aux législatives du 10 février en n'obtenant que 13 sièges sur un total de 120 à la Knesset. M. Netanyahu, 59 ans, opposé aux accords d'Oslo de 1993 et hostile à la création d'un Etat palestinien, a été chargé par le président Shimon Peres de former le prochain cabinet au plus tard d'ici le 3 avril. Il est en principe soutenu par un bloc de partis de droite comptant 65 députés. Mais il envisagerait à contrecœur de s'appuyer sur cette majorité de «durs» qui susciterait inéluctablement des tensions avec la nouvelle administration américaine désireuse de relancer les efforts de paix. Ce bloc pourrait même se transformer en peau de chagrin, car les quatre élus d'extrême droite de l'Union nationale exigent la colonisation à outrance en Cisjordanie occupée ainsi que la légalisation des implantations sauvages créées sans feu vert officiel israélien. Aussi, M. Netanyahu se dit-il prêt à payer le prix fort pour former un gouvernement élargi, notamment avec les travaillistes et le parti centriste Kadima de Tzipi Livni, la chef de la diplomatie sortante. Lors d'une rencontre hier , il n'est pas parvenu à convaincre Mme Livni de rallier un cabinet d'union en raison de divergences sur les négociations avec les Palestiniens. Interrogée à la radio militaire, elle a maintenu qu'elle entendait gagner les bancs de l'opposition «à cause des divergences avec Netanyahu sur la voie que le prochain gouvernement doit emprunter». Elle a souligné que le programme de ce cabinet devrait mentionner «la nécessité de deux Etats pour deux peuples», les Israéliens et les Palestiniens. «Quand nous serons d'accord sur cette voie, nous pourrons charger des équipes de négociateurs de conclure des ententes», a-t-elle ajouté en indiquant que M. Netanyahu voulait lui soumettre prochainement «d'autres idées». Le député Guidéon Saar, numéro deux du Likoud, a fait état devant des journalistes «de plusieurs points de convergence avec le Kadima, et il est possible de combler les écarts». Selon lui, «il faut de la patience, de la bonne volonté et des idées constructives car les négociations avec les Palestiniens ne constituent pas un problème fondamental, et nous sommes prêts à les poursuivre». Il a souligné la nécessité de faire face «ensemble à la crise économique, au régime du Hamas (au pouvoir à Gaza) et aux menaces du nucléaire iranien».