Constat Un retour dans les régions ébranlées par le séisme du 10 novembre 2000, dont l?épicentre était localisé à Béni Ourtilène, nous révèle que le programme lancé à cette période ne s?est pas traduit dans les faits. Les habitants de la commune la plus touchée par ce séisme, Beni Maouche, une région montagneuse juchée sur une colline de plus de 1 000 m, ne sont pas près d?oublier cette catastrophe. Certains d?entre-eux ont gardé des séquelles psychologiques et ont en mémoire les longues nuits passées à la belle étoile, dans le froid glacial de l?hiver, très rude dans cette région, que ses habitants appellent aussi «Trouna». Trois années plus tard, ce sont les mêmes scènes qui reviennent dans les villages de Taourirt Aït Adjissa, Aït Ouamar, Aguemoune et Tizekht, où les traces du séisme sont toujours visibles sur les maisons, témoignant de la puissance du cataclysme. Les citoyens interrogés attendent toujours que soient traduites dans les faits les multiples promesses des autorités et l?application sur le terrain du programme spécial lancé en grande pompe. L?horreur de cette journée maudite revient sur les lèvres des villageois éprouvés, par ailleurs, par une misère qui se conjugue à tous les temps. Le bilan officiel des dégâts occasionnés par ce séisme fait état de 1 646 sinistrés recensés par les services du CTC. Ce même CTC, qui chapeaute l?opération de recensement de sinistrés, est, aujourd?hui, mis à l?index par ces derniers. «Nous avons adressé plusieurs recours, qui sont restés sans suite», disent-ils, s?estimant «floués» par les autorités. Ils précisent, à propos des aides à l?autoconstruction, qu?elles sont «insignifiantes et les dernières tranches ne sont toujours pas réglées à ce jour». «Des sommes qui suffisent à peine à restaurer des maisons qui menacent ruine», ajoutent-ils encore. Parallèlement à ces aides à l?autoconstruction, le programme des logements groupés ne voit toujours pas le jour, dans les villages Taourirt et Tizekht. Ces logements sont toujours en chantier pendant que les sinistrés, nous précise Da Ali, un septuagénaire, «sont dans des garages ou pour d?autres chez des particuliers où ils ont loué en attendant ces logements». En d?autres termes, les sinistrés prennent leur mal en patience. Les services techniques de la wilaya, que nous avons interrogés sur le devenir du «programme de 2 000 logements annoncés à l?époque devant les caméras de l?Unique», précisent que «concernant l?application de ce programme spécial, l?année 2001 a été complètement consacrée au côté administratif : établissement des plans d?aménagement ou de construction pour chaque bénéficiaire classé dans l?une des trois catégories, et choix du terrain pour les villages jugés complètement endommagés». Nous ajoutons que les citoyens «n?ont rien vu de concret avant l?année 2002, où les premières tranches ont été débloquées». A l?APW de Béjaïa qui avait débloqué à l?époque 60 millions de centimes, on nous informe qu?«aujourd?hui, 54 millions de centimes n?ont toujours pas été consommés», et M. Belhadj, le vice-président, de justifier cela par «le blocage de la délivrance de permis de construire, et le non-règlement des situations des entreprises (première tranche) pour ce qui est de la réalisation des logements collectifs». Quant à l?APC de Béni Maouche, des responsables, tout en admettant que «les aides à l?autoconstruction étaient effectivement insignifiantes», nous informent que «la régularisation des deux catégories orange 3 et orange 4 a été faite et que l?aide était de l?ordre de 120 000 DA». Quant à l?état d?avancement des travaux des 207 logements, les services de l?APC l?estime à 65% pour cause «de retards dans le paiement des entreprises» et l?on apprend auprès des responsables de cette commune que «les VRD concernant les 4 sites groupés ne sont pas lancés à ce jour, ce qui provoquera un autre retard». L?enveloppe accordée pour ces logements reste très minime, étant donné que «les constructions groupées seront livrées dans un état semi-fini». En somme, trois ans après, il s?avère que le programme spécial conçu pour Béni Maouche n?était destiné, en fait, qu?à calmer les esprits. La réalité est que les sinistrés ne sont toujours pas relogés.