Tradition n C'est une occasion pour les Touareg autochtones, notamment les nomades, de se retrouver en ce jour béni comme l'ont toujours fait leurs aïeux. Les habitants de Djanet et ceux des zones limitrophes, en particulier les nomades, ont un dénominateur commun pour l'occasion : la lecture du Coran et le jeu traditionnel «takatchite» «Ce jour-là, on lit le Coran, on égorge des moutons ou des chameaux, on met de nouveaux habits, du b'khour et du parfum», dit cheikh Ad'hani Iknane qui a été, durant 37 ans, guide touristique, mais qui vit sous une tente avec sa famille dans le désert, «essahra» comme il dit. «les femmes rapportent le bois et l'eau depuis des puits «anou» sur leur dos à pied ou à dos d'âne», a-t-il repris. La veille du Mawlid, nous instruit-il, les vieux préparent un rite connu sous le nom de «Al-Achrani», disent des «medh» sur le prophète jusqu'au lever du soleil. «Ce jour-là, les hommes vont à la mosquée», nous dit Aïcha, cadre à l'office national du parc du Tassili, pour lire le Coran et dire des medh et des chants religieux. Quant aux «femmes, elles restent dehors devant les mosquées pour écouter les medh et le Coran», renchérit Osmane un jeune Targui. Brahim nous parle de cette fête dite «touite» en targui. «Ce jour-là, nous procédons aussi à la circoncision des enfants. Les familles se rassemblent chez le plus âgé de la famille autour d'un couscous à la viande et aux légumes». Les familles ramènent de la «sadaka» selon leurs moyens, des dattes écrasées appelées «medgoug», du couscous, des gâteaux secs cuits dans un four traditionnel, du thé, du sucre. Elles restent là-bas jusqu'à la prière du Dohr puis se déplacent vers l'oued où les hommes et les vieux jouent, jusqu'au coucher du soleil, au «takatchite», un ballon – qui symbolise la tête du diable – qu'ils poussent à l'aide d'un bâton. Un jeu qui ressemblerait au golf, mais seulement le ballon est en cuir et en palmier. Les joueurs font des gestes comiques qui font rire les supporters qui sont là pour applaudir, pousser des youyous et encourager les joueurs. C'est un jeu qui s'organise entre quartiers. C'est donc une occasion de retrouvailles entre amis et familles notamment les nomades. C'est un jour de fête également pour les enfants qui jouent devant l'oued», nous a raconté Choughli, chanteur local targui. Un autre nous informe que la lecture du Coran se fait toute la semaine. «Auparavant, les familles venaient près de la mosquée pour l'entendre, mais depuis l'installation des micros, ce déplacement n'a plus lieu d'être. Mais on doit aller à la mosquée le jour de la «s'miya», a-t-il repris. n Si une naissance coïncide avec la célébration du Mawlid, si c'est un garçon, on le prénommera Mohammed, Ahmed ou El-Meddah, si c'est une fille ce sera tlamdahte, Khadidja ou Aïcha. «C'est une occasion aussi pour les Touareg de donner des noms à leurs nouveau-nés, 7 jours après leur naissance», en appliquant la tradition de l'époque du prophète lui-même, prénommé Mohammed alors qu'il avait déjà 7 jours. Sa naissance est appelée, chez nous, jour de la «s'miya», nous a dit Aïcha. Cette tradition «s'miya» ainsi que le jeu du «takatchite» sont beaucoup plus pratiqués à Djanet et Ihrir, selon un jeune Targui que nous avons rencontré devant sa kheïma à Isandilane à plus de 100 km de la ville de Djanet, Alblad comme il le dit. «Ici, nous ne jouons pas au takatchite, mais nous préparons la sadaka et nous lisons le Coran», a-t-il souligné.