Anarchie n Erigé depuis quelques années sur une voie ferrée, le mégamarché informel continue de sévir dans l'illégalité et dans un désordre absolu. Son existence persistante, dont seuls les marchands tirent profit, a poussé de nombreux commerçants de la commune à baisser rideau et à se convertir aussitôt en vendeurs informels. Du fait de son caractère illicite, ce marché échappe totalement à l'administration fiscale et à plus forte raison aux contrôles des marchandises vendues quotidiennement. Ainsi, les marchands venant de plusieurs wilayas du pays, profitent de cette situation pour écouler leurs produits généralement contrefaits et d'une qualité douteuse. Côté clientèle, une seule chose attire vers ce bazar : les prix à la portée de toutes les couches sociales. Mais les commerçants, exerçant légalement et soumis au fisc, estiment, pour leur part, que ce marché est la cause principale de la banqueroute de la plupart d'entre eux. «Ils travaillent dans l'informel, vendent des produits contrefaits et ne payent aucun impôt ! Comment voulez-vous que ça ne marche pas ?», grogne un propriétaire d'une boutique de prêt-à-porter. Effectivement, dans ce lieu, où le désordre règne en maître, le principe d'exercice commercial est simple. Il suffit d'avoir de la marchandise à vendre, de disposer d'un stand et d'une table de fortune et de s'acquitter d'une somme de cent à deux cents dinars chaque matin, empochée par un groupe de jeunes qui prétendent être chargés de la sécurité et de l'organisation du marché. «Loin des tracasseries multiples pour obtenir un registre du commerce, éviter également les impôts et les brigades de contrôle qui se pointent chaque jour au magasin ! Je préfère travailler ici», nous indique un jeune derrière son étal de fruits et légumes. À cela s'ajoutent les vols et les agressions perpétrés par des délinquants à l'intérieur de ce marché, car ils trouvent l'endroit favorable pour commettre leur forfait. Les désagréments causés par ce marché sont multiples ; une manne financière très importante qui échappe quotidiennement à l'administration fiscale de la commune au détriment des contribuables réguliers qui sont menacés de faillite. La voie ferrée est totalement bloquée. En fin de journée, les lieux, après le départ de ces marchands, est insupportable. Les déchets de fruits et légumes ainsi que les emballages de divers produits sont laissés sur place, créant une pollution supplémentaire qui menace le cadre de vie des citoyens habitant à Draâ Ben Khedda. Conscientes de la gravité de la situation qui menace l'activité commerciale de la commune, les autorités locales œuvrent pour l'éradication de ce marché qui n'a que trop duré. À cet effet, des projets ont été lancés tels le réaménagement du centre commercial, la restauration du marché couvert et la création d'un nouveau marché de proximité. Cela permettra probablement de recaser et de régulariser ces marchands et d'en finir avec l'activité informelle dans la commune.