Comptes Après le drame, des doigts accusateurs sont pointés, des responsabilités situées et des? sanctions demandées. Au lendemain de l?explosion qui a été à l?origine de nombreux décès et de lésions irréversibles pour un grand nombre de travailleurs à l?intérieur de la zone pétrochimique de Skikda, des témoins du drame racontent que l?intervention des éléments de la Protection civile a été tardive. Ces mêmes témoins disent que, contrairement à ce qui a été déclaré par la direction de GNL Skikda, le plan Orsec a été déclenché avec du retard. Un agent de la raffinerie, qui a été parmi les premiers secouristes à intervenir sur l?une ou l?autre des trois unités touchées, ne cache pas sa colère en disant que si les agents de sécurité chargés de la lutte anti-incendie au niveau de la zone ont très bien réagi, leurs moyens se sont avérés très en deçà de la situation. «Les flammes et les fumées qui se dégageaient des bâtiments touchés ont provoqué la panique. Les travailleurs, qui avaient accouru de divers endroits de la plate-forme pour porter secours à leurs collègues des unités 20, 30 et 40, n?étaient visiblement pas préparés à ce genre de sinistres, leur intervention aura plutôt gêné l?opération de sauvetage. C?est comme si les programmes de sauvetage et d?évacuation, qui sont souvent, très souvent simulés à longueur d?année, n?avaient servi à rien !» Cette longue tirade est celle d?un contremaître de la chaudière. L?homme, qui dit être l?un des plus anciens techniciens de GNL Skikda, ajoute que les agents de la Protection civile de la wilaya de Skikda ont, eux-mêmes, cédé à la panique, une fois arrivés sur les lieux à 19h10. «Il a fallu les exhorter à se rapprocher des bâtiments en flammes. Ils avaient peur que d?autres explosions se produisent et ne disposaient ni des plans des locaux ni d?un descriptif des matières entreposées à l?endroit de la catastrophe. C?était tout simplement lamentable?» Ces témoignages recueillis à vif, douze heures après l?explosion, ne sont qu?un début à l?enquête que ne manqueront pas de déclencher les services compétents en matière de sécurité des unités industrielles. Ils lèvent un pan du voile sur le comportement des responsables et des intervenants dans ce domaine censé sécuriser des zones dans lesquelles activent des centaines de travailleurs. Déjà beaucoup de choses se disent sur la qualité douteuse des travaux d?entretien de la chaudière et sur certains procédés de mise en route des équipements.