Le forum d'El moudjahid a accueilli, hier, le directeur général de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion, M. Mokhtar Felioune. Le débat a porté sur la réforme pénitentiaire, la modernisation des infrastructures et la gestion des prisons. Selon M. Felioune, l'Etat a réalisé des progrès considérables dans l'amélioration des conditions d'incarcération des détenus. En effet, et depuis 2003, les autorités publiques ont procédé à l'adoption d'un arsenal législatif et réglementaire avec les mutations nationales et internationales. Pour le directeur générale de l'administration pénitentiaire, la promulgation de la loi de février 2005 portant sur l'organisation pénitentiaire et la réinsertion sociale des détenus, a permis l'amélioration et l'humanisation des conditions de détention, comme la dotation des établissements pénitentiaires de véritables structures sanitaires, et le droit du détenu au recours et à la plainte devant les autorités chargées du contrôle de celles-ci. Le nombre de prisonniers en Algérie est arrêté à 59.000 individus séjournant actuellement dans les 127 établissements pénitentiaires du pays. La majorité a moins de 30 ans. Une situation qui ne peut s'expliquer que par l'essor de la délinquance et de la criminalité en Algérie. La forte hausse du nombre des détenus s'accompagne de terribles conditions carcérales. En effet, très loin des normes internationales, les prisons algériennes sont surpeuplées. Ainsi, l'espace réservé à chaque détenu n'excède pas 1,86 mètre carré, alors que le standard européen prévoit 12,2 m2. Pour sortir de cette situation M. Felioune a affirmé que l'Etat compte construire 81 prisons aux standards internationaux, dont 13 prisons seront livrées au plus tard fin 2009. D'autre part, le conférencier a souligné que l'Algérie a signé un protocole d'accord de coopération avec l'Union européen portant sur un programme d'appui à la réforme du secteur pénitentiaire dans notre pays ; la convention s'étalera sur une période de quatre ans, soit jusqu'à la fin de l'année 2011. A noter aussi qu'un projet similaire pour un montant de 17 millions d'euros financé par la Commission européenne avait été conclu pour moderniser et améliorer les conditions de détention dans le cadre du respect de la dignité humaine, et surtout, assurer la réinsertion des détenus dans la société. Cependant, l'une des raisons de la congestion des prisons réside dans le recours abusif à la détention préventive. Des avocats et des défenseurs des droits de l'Homme sont unanimes à dire que cet usage est exorbitant. A cet effet, une bonne formation pour les magistrats, selon M. Felioune, va permettre d'éviter au maximum le recours au mandat de dépôt. Le désengorgement des prisons a stimulé une série de mesures. Au chapitre droit, la nouvelle loi pénitentiaire favorise le recours à la liberté conditionnelle. Les grâces décidées régulièrement par le président de la République sont de nature également à alléger la pression sur les centres de détention. Il est à noter enfin que sur les 127 prisons du pays, 59 datent du XIXe siècle et 36 construites entre 1900 et 1962.