Le sens de l'odorat est-il stimulé dans le rêve ? C'est la question que J. Lebœuf se posait avant de s'endormir. La lecture qu'il a faite juste avant lui, a appris qu'on rêve très rarement d'odeurs, mais le rêve qu'il a fait lui apporte une autre réponse : «On pouvait rêver d'odeurs». Selon Lebœuf, le rêve lucide se développe par l'intérêt que l'on porte au rêve. La conscience de rêver dans le rêve, permet non seulement de diriger ses rêves mais aussi d'exercer son jugement et de réfléchir comme si on était à l'état de veille. Ainsi, il est préoccupé par les plans d'une maison qu'il devait construire. «Une nuit, dans un songe, non seulement je refis mes calculs, à ce qu'il me semble, avec la plus grande exactitude, mais j'imaginai une nouvelle disposition qui, entre parenthèses, me suggéra celle que définitivement j'adoptai. Là, ne s'arrêtent pas les particularités de ce songe. J'avais nettement la conscience que je rêvais, et j'admirais la lucidité que tout en rêvant je savais déployer. Mieux encore. Je fis cette réflexion que, bien que je fusse endormi et par conséquent inconscient de mes actes, j'accomplissais cependant des prodiges de raisonnement et de calcul, et j'en tirai cette conclusion générale qui ne manque pas de profondeur – si j'ose ainsi parler de moi-même – qu'après tout l'instinct n'est pas autre chose que la résultante des raisonnements qui n'ont point trompé, et que telle est la raison de son infaillibilité. Là-dessus je m'éveillai». Lebœuf tire cette conclusion : «Je puis donc l'avancer, aucune de nos facultés ne nous abandonne dans le sommeil, si ce n'est celle qui nous fait porter des jugements objectifs sur le monde réel.