Résumé de la 7e partie n Après avoir entendu le plaignant, le roi lui demande d'où lui était venue l'astuce par laquelle il a réussi à le convaincre... La vérité, dont il se doutait déjà, illumina l'esprit du roi : seule sa femme pouvait inventer un moyen aussi ingénieux. Il fit rendre à l'étranger à la fois sa monture et l'amende qu'il avait payée puis, renvoyant tous les plaignants au lendemain, rentra dans son palais. Sa femme l'y attendait, impatiente de savoir quelle suite il aurait donnée à l'affaire. — Eh bien, dit le roi, j'ai fait rendre à l'étranger son poulain. — Vous êtes un juste roi, dit la reine, vous avez donné à l'affaire une suite digne de votre équité. — C'en est la suite, mais ce n'en est pas la fin, dit le roi. La reine, qui connaissait le caractère tyrannique et vindicatif de son mari, conçut d'abord une vive inquiétude. Puis elle crut comprendre ce que son mari voulait dire : — Pour l'homme à la mule, dit-elle, pardonnez-lui : peut-être était-il lui-même pressé par le besoin. — Ce n'est point de lui qu'il s'agit, dit le roi. L'anxiété de la reine devint plus vive : — Et de qui d'autre ? — De vous — De moi ? — Vous me semblez avoir la mémoire bien courte. — Je ne vois pas en quoi, dit la reine. — Avez-vous oublié ? — Quoi ? demanda la reine. — Le premier soir que vous êtes entrée dans ce palais. — Jamais ! dit la reine. Je le vois encore comme s'il était d'hier. — En ce cas, dit le roi, peut-être vous rappelez-vous l'avertissement que je vous donnai ce soir-là ? Un froid de glace se glissa dans le cœur de la reine : son époux avait donc découvert la vérité. Il était inutile d'essayer de la lui cacher. — Rappelez-vous, dit le roi, ce que je vous ai dit la première fois que votre parole prendra barre sur la mienne... Ce jour est arrivé. Aussi, faites en sorte que demain, quand je me lèverai, je ne vous voie nulle part dans ce palais. Allez où vous voudrez. Prenez ce que vous avez de plus précieux. Enfermez-le dans les malles et partez. La reine était désespérée. Elle essaya de fléchir la colère du roi mais... en vain ! — Sire, dit-elle à la fin, puisque je connais la disgrâce de vous avoir déplu, puis-je vous demander de m'accorder une faveur dernière ? — Pourvu que ce ne soit pas celle de rester, dit le roi. — Non, mais, Sire, faites-moi la grâce de venir dîner en mes appartements, seul avec moi, ce soir, pour la dernière fois. Le roi y consentit et la reine aussitôt s'affaira avec ses servantes pour préparer le dernier repas qu'elle eût à prendre au palais avec lui. Le soir venu ils s'installèrent. Les plats commencèrent à défiler devant eux, plus riches, plus raffinés les uns que les autres. Les boissons étaient nombreuses et fraîches, le service fait uniquement par les servantes de la reine dans ses appartements privés. Au bout de quelque temps le roi sentit sa tête s'appesantir ; il avait peine à garder les yeux ouverts. La reine, les servantes, les mets sur la table, tout lui paraissait baigner dans une brume de plus en plus épaisse. Le moindre mouvement lui pesait et bientôt il tomba sur la table, assoupi. (à suivre...)