Thomas Reid, surnommé le philosophe écossais (1710-1796), a beaucoup influencé la pensée européenne par ses positions post-cartésiennes, en utilisant le rêve à des fins thérapeutiques. Dans une lettre adressée au révérend William Grégory, il décrit ainsi son expérience. «Vers quatorze ans, j'avais, presque chaque nuit, un sommeil agité à cause des rêves effrayants que je faisais. A la même époque, dans mes rêves, j'étais le plus grand poltron qu'il y eut jamais sur terre. Face au danger, non seulement je perdais tout courage, mais la force, aussi, me manquait. Souvent, je me levais, le matin, dans un tel état de terreur qu'il me fallait un certain temps pour le surmonter. Je souhaitais vivement être libéré de ces rêves tourmentés car, outre qu'ils me rendaient malheureux dans le sommeil, l'impression désagréable qu'ils me laissaient demeurait souvent en moi pendant une partie de la journée… Bien des fois, avant de m'endormir, j'essayai d'imprimer aussi fortement que possible dans mon esprit l'idée que, de ma vie, je n'avais jamais couru aucun danger véritable, que toutes mes peurs n'existaient qu'en rêve. Longtemps, mes efforts pour évoquer cette mémoire en présence du danger demeurèrent vains, mais, finalement, je réussis, et j'y suis parvenu bien des fois depuis lors. A l'instant où j'allais glisser dans le précipice et tomber dans l'abîme, je me souvins que ce n'était qu'un rêve et je sautai hardiment dans le vide. L'effet habituel de ces rappels de conscience était de m'éveiller, mais je me trouvais alors dans un état de calme et d'intrépidité qui représentait, pour moi, un gain fort appréciable. Mes rêves perdirent alors leur caractère excessivement effrayant et, bientôt, je ne rêvai plus.»