Résumé de la 6e partie n Le prince, sur conseil de Blanche-Colombe, fait goûter à son chien les mets proposés. Ce dernier meurt sur le coup... Quand le repas fut terminé : — Grand merci, dit le prince au roi en allant prendre congé de lui. Je me tiens aux ordres de Votre Majesté pour tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner. La reine, quant à elle, était furieuse, car, ayant fait empoisonner tous les plats, elle s'attendait à voir son beau-fils succomber au premier service. Aussi, quand les jeunes gens furent partis, alla-t-elle trouver son mari : — L'insolence de ton fils ne connaît plus de bornes. Il a des pouvoirs cachés. Si tu le laisses faire, c'est lui qui bientôt cherchera à se débarrasser de toi pour prendre ta place. Il faut le prévenir, le tuer avant qu'il ne te tue. — Nous avons déjà essayé. — Cette fois, dit la reine, il n'y échappera pas. Voilà : tu vas l'inviter à venir chasser avec toi, vous deux seuls, tu entends, seuls, puis... La reine expliqua longuement au roi le nouveau stratagème qu'elle venait de concevoir. Le lendemain le prince se rendit à l'invitation du roi. Ils s'enfoncèrent dans le désert seuls, sans veneur ni serviteur d'aucune sorte. Sur les indications de la reine, le roi avait pris trois outres : une de mets très salés, une de nourriture ordinaire et la troisième pleine d'eau. Ils allèrent longtemps et, comme le prince se dépensait beaucoup, il eut bientôt faim et ils s'arrêtèrent pour manger. Le roi puisa dans la nourriture ordinaire, tendit à son fils l'outre salée, puis ils continuèrent à traquer les gazelles et les autruches. La chaleur était torride et le prince eut bientôt le gosier desséché. Il demanda à boire. — Je peux te donner de l'eau, dit le roi, mais à une condition. — Laquelle ? demanda le prince. — Que je t'arrache un de tes yeux. Le jeune homme était stupéfait. — Comment peux-tu vouloir m'arracher un œil pour un peu d'eau dont ton outre est pleine ? — A toi de voir si tu veux boire. Le prince était indigné mais, à mesure qu'ils allaient, sa soif devenait intolérable et bientôt il ne put plus résister. — Donne-moi à boire, dit-il. — Donne-moi un de tes yeux, dit le roi. — Prends-le. Le roi lui arracha un œil, puis il tendit l'eau aux lèvres altérées du prince, mais à peine celui-ci eut-il avalé quelques gorgées qu'il lui arracha l'outre de la bouche, et la referma soigneusement. Vers le soir le prince eut de nouveau faim. Le roi lui donna à manger un mets aussi salé que le précédent et qui éveilla en lui la même ardente soif. — Donne-moi un peu d'eau, dit-il. — A une condition. Le prince ne répondit pas. — Que je t'arrache l'autre œil. Le jeune homme était outré mais, comme l'air était brûlant, il eut bientôt le gosier en feu et accepta de perdre le second de ses yeux pour un peu d'eau. Le roi le traîna alors au pied d'un grand arbre, l'appuya contre le tronc et, le laissant là au milieu d'un désert sans nourriture et sans eau, il s'en revint dans son palais. Le prince resta trois jours sans manger ni boire, sans pouvoir aller nulle part, car il n'y voyait pas. (à suivre...)