Résumé de la 50e partie n Tuppence lit avec beaucoup d'émotion la lettre de son fils et de sa fille qui lui racontent leur vie sur le front... Elle s'empara alors de son stylo et d'un bloc de papier à lettres de petites dimensions, et commença d'écrire rapidement : Ma Deb chérie, Ici, on se sent si loin de tout qu'on a de la peine à imaginer que nous sommes en guerre. Je suis très heureuse d'avoir reçu ta lettre et de savoir que ton travail t'intéresse. Tante Gracie s'affaiblit de jour en jour et, intellectuellement, elle a beaucoup baissé. Je crois qu'elle est contente de m'avoir auprès d'elle. Elle parle très souvent du passé et j'ai l'impression que, de temps en temps, elle me prend pour ma propre mère. Cette année, on a fait beaucoup plus de semis de légumes que d'habitude... On a même transformé la roseraie en champ de pommes de terre. Je donne un coup de main au vieux Sikes. Comme ça, j'ai au moins l'impression de prendre ma part de l'effort de guerre. Ton père a l'air assez furibond, mais je pense, comme toi, que lui aussi est ravi de se rendre utile. Très tendrement, Maman Elle écrivit ensuite : Derek chéri, Ta lettre m'a fait beaucoup de bien. Si n'as pas le temps d'écrire, envoie-moi souvent des cartes préimprimées. Je suis venue passer quelque temps avec tante Gracie. Elle s'est beaucoup affaiblie. Elle me parle de toi comme si tu avais encore sept ans et, l'autre jour, elle m'a donné dix shillings à t'envoyer comme argent de poche. Je suis toujours au placard. Personne ne veut de mes précieux services !... Incroyable !... Ton père, comme je te l'ai dit, a trouvé un job au Département des réquisitions. Il est là-haut, quelque part dans le Nord. C'est mieux que rien, mais ce n'est évidemment pas ce que voulait notre vieux Poil-de-carotte. Enfin, j'admets que nous devons nous faire tout petits, nous asseoir au fond de la salle et laisser la guerre aux jeunes crétineaux de votre âge. Je ne te dirai pas de faire attention à toi, parce que je suis sûre que ça te pousserait à faire exactement le contraire. Tâche quand même de ne pas faire de bêtises. Très, très tendrement, Maman Tuppence glissa les deux lettres dans des enveloppes qu'elle timbra et les jeta dans une boîte en revenant vers Sans Souci. Alors qu'elle arrivait au pied de la falaise, elle remarqua soudain deux personnages en grande conversation, un petit peu plus haut. Elle s'arrêta net. L'un des deux était la femme qu'elle avait vue la veille, et l'autre, Karl von Deinim. Pour son plus grand regret, Tuppence dut s'avouer qu'elle ne pouvait se dissimuler nulle part. Il n'y avait aucun moyen de s'approcher sans être repérée et de sur-prendre ce qui se disait. D'ailleurs, à cet instant précis, Karl von Deinim tourna la tête et l'aperçut. De manière plutôt brusque, les deux interlocuteurs se séparèrent. La femme descendit rapidement la route du coteau, changeant de trottoir pour éviter Tuppence. (à suivre...)