Crise n La démission du chef de la junte militaire de son poste n'a pas convaincu l'opposition de sa bonne volonté qui a décidé de boycotter le prochain scrutin présidentiel. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte qui dirige la Mauritanie depuis le coup d'Etat d'août 2008, a annoncé, dans la nuit de mercredi à jeudi, qu'il avait quitté le pouvoir pour se porter candidat à l'élection présidentielle du 6 juin. «J'ai décidé de démissionner de mes fonctions de président du Haut conseil d'Etat (junte, ndlr) et de chef de l'Etat en conformité avec la loi et suivant ses dispositions en la matière», a affirmé M. Ould Abdel Aziz, dans un discours officiel radiotélévisé diffusé très tard hier mercredi. Il y a huit mois, M. Ould Abdel Aziz avait lui-même mené le putsch qui avait renversé le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu (en 2007) du pays. Ce militaire de carrière de 52 ans, dont 32 passés dans l'armée, a précisé qu'il entendait se porter candidat à la présidentielle anticipée du 6 juin. Pour pouvoir se présenter, il devait quitter à la fois l'armée et le pouvoir, 45 jours avant le scrutin. Il a assuré qu'il était animé par une «volonté sincère d'édifier une nouvelle Mauritanie basée sur la justice, l'égalité et la liberté» et dressé un bilan favorable de sa gestion du pays depuis sa prise du pouvoir. Il a de nouveau critiqué sans ménagement ses adversaires politiques, les qualifiant de «poignée de malfaiteurs» et les accusant de vouloir «affamer» le pays en «imposant un embargo». Par ailleurs, le Front national pour la défense de la démocratie (Fndd) avait déjà présenté la démission du général Ould Abdel Aziz annoncée par lui-même, comme une «vaste comédie pour faire accepter le putsch». En conséquence, cette coalition de partis d'opposition a décidé de boycotter le scrutin qui ne fera, selon elle, qu'entériner le coup d'Etat. En effet, ces opposants accusent le général de mener campagne depuis des mois, aux frais de l'Etat, à travers le pays et d'avoir «verrouillé» d'avance l'issue de la compétition électorale. Avant de prononcer son discours, M. Ould Abdel Aziz avait reçu le président du Sénat, Ba Mamadou dit Mbaré, installé comme «président intérimaire» par le Conseil constitutionnel. Il avait également rencontré les militaires qui composent la junte, au palais présidentiel. Selon les seuls journalistes de la presse officielle présents lors de cette rencontre, il avait dit «au revoir» aux membres de ce conseil militaire, un à un.