Scène n La générale de La spirale a été donnée, jeudi, à la salle El-Mougar, à l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information. La pièce, écrite par Meliani Hacen, mise en scène par Aïssa Djakati et produite par le Théâtre régional de Tizi Ouzou, est l'histoire d'un homme, Saïd, qui, prétendant être le chef de sûreté de la ville, s'introduit dans une maison, chez une famille (la mère, le fils et la bru ). Celle-ci, à première vue, semble être ordinaire et naturelle, mais au fond elle est pleine de différences et de contradictions ; elle se révèle même étrange et suspecte dans la mesure où ses membres n'entretiendraient aucune relation de parenté. En effet au fil de la discussion, les langues se délient et se contredisent. Tous se racontent des histoires divergentes et antinomiques. Qui ment et qui est dans le vrai ? Où est le mensonge et où est la vérité ? Cela jette l'émoi et la confusion en Saïd : il ne sait d'ailleurs pas qui est qui. Tout s'embrouille dans sa tête. Même lui finit par se prêter à ce jeu insolite et saugrenu. Même lui leur raconte des histoires et se situe sur cette frontière mouvante et changeante, séparant le mensonge de la vérité. Saïd va jusqu'à prétendre être le fils de la veille dame. Tout le monde se réinvente dans des histoires étonnantes et dans des identités incompatibles. La pièce s'organise comme une spirale jetant les protagonistes dans un tourbillon vertigineux et hallucinant de doutes et d'impostures. On ne sait plus qui est qui, vraiment. Au plan de la mise en scène, la pièce a présenté cependant quelques déficiences. La spirale est jouée en langue arabe classique, et il s'avère que le registre linguistique choisi par le metteur en scène et utilisé par les comédiens n'est pas tout à fait maîtrisé : le ton et l'expression langagière ne sont ni séduisants, ni accrocheurs, ni même convaincants. Ils manquent de poésie et de naturel. L'interprétation linguistique fausse alors le jeu scénique. À aucun moment de la pièce, l'aspect dramaturgique n'a été ressorti et ressenti. Les comédiens donnent davantage l'impression de réciter leur texte que de le dire. Ils ne jouent pas leur personnage, mais plutôt le représentent d'une manière commune et, parfois, quelconque, le dépossédant systématiquement de son caractère et de sa personnalité ainsi que de sa psychologie. Les personnages ont manqué de naturel et de véracité scénique. Cela a conféré à la pièce un aspect désuet et plat. La pièce, le temps de la représentation, a traîné, d'ailleurs, et par plusieurs séquences, en longueur. Cela l'a rendue monotone et fastidieuse. Si elle avait été jouée en arabe dialectal, elle aurait été plus aérée et plus intense. Elle aurait été profonde et sincère, tant le jeu aurait été franc et significatif.