Légumes et fruits deviennent des produits de luxe obligeant les Algériens à abandonner leurs bonnes vieilles habitudes alimentaires méditerranéennes et à se nourrir de ce qui se présente. Et c'est souvent au détriment de leur santé. Que consomme l'Algérien au quotidien ? La question peut paraître dépassée. Mais en vérité, elle est toujours d'actualité dans la mesure où la société connaît régulièrement des mutations et des changements qui se répercutent sur le régime alimentaire de la population. De plus, le sujet n'a jamais fait l'objet d'une étude globale. Qu'à cela ne tienne, on peut affirmer sans risque de se tromper que les habitudes alimentaires de l'Algérien ont changé. Aujourd'hui, beaucoup se contentent d'un sandwich ou de deux ou trois tranches de pizza à midi. Alors que par le passé, la règle était de manger à table un hors-d'œuvre accompagné d'un plat de résistance et d'un dessert. De nos jours, les plats traditionnels sont réservés à certaines occasions seulement, alors qu'ils faisaient partie du menu quotidien il y a quelques années encore. A présent, un grand nombre de salariés et d'écoliers mangent dehors à midi, alors qu'ils avaient la possibilité de le faire chez eux ou au niveau des cantines autrefois. Actuellement, on consomme des frites, des haricots blancs, des pâtes et des lentilles, alors que l'on avait une préférence pour les potages de légumes et les soupes, jadis. A vrai dire, ces changements sont, en partie, liés à l'augmentation sensible du nombre de femmes travailleuses. Explication : quand elle travaille, la femme ne peut préparer à manger pour sa famille à midi. Et le soir, elle a juste le temps de faire frire des pommes de terre, de bouillir des œufs ou de mijoter des spaghettis ou des macaronis. A force de manger «léger», enfants, jeunes et moins jeunes, ont fini par s'attacher à la pizza, au chawarma et au sandwich frites-omelette. Ce n'est pas par hasard, d'ailleurs, que les fast-foods et autres pizzerias, qui ont poussé tels des champignons un peu partout à travers le pays ces dernières années, sont pris d'assaut chaque jour que Dieu fait. Cette fréquentation, beaucoup de restaurants ne la connaissent pas pour des raisons liées principalement aux prix qu'ils pratiquent. Mais pas seulement celà. «L'Algérien a perdu le réflexe de manger à table. Il est tellement pressé et stressé qu'il ne peut pas prendre le temps de déguster un bon plat», affirme à ce propos le gérant d'un restaurant situé à quelques mètres seulement de la très fréquentée rue Hassiba Ben Bouali, en plein centre d'Alger. Selon lui, les clients des restaurants se comptent surtout parmi les personnes «d'un âge certain». «Les jeunes, quant à eux, préfèrent les pizzerias».