Comparaison n Le menu quotidien de l'Algérien est principalement défini par la taille de la famille et ses ressources financières. Plus explicitement, les familles nombreuses se contentent de manger à leur faim, alors que celles qui sont composées de quelques membres seulement, se permettent de bons plats. Bien évidemment, tout est question de moyens. Et sur ce plan, les familles de taille réduite sont généralement mieux loties que celles qui comptent plusieurs membres. «Je vis avec mon fils et je ne vous cache pas que nous mangeons très bien. Nos plats sont variés et à base de légumes et de viande le plus souvent. Certes, la vie devient de plus en plus chère, mais, franchement, on ne se prive pas. Même à 150 ou 200 DA, j'achèterais la pomme de terre car j'en ai les moyens», affirme à ce propos Fatma-Zohra, 61 ans, qui travaille dans la communication. «En cette période de l'année, je cuisine des artichauts, des petits pois, du chou farci au four, de la dolma, de la ch'titha. Je ne fais jamais la quantité, je prépare juste ce qu'il nous faut. Le plat nous coûte 500 DA au minimum généralement», poursuit-elle. Et sa collègue Nadia qui vit avec sa fille unique, de souligner : «Nous aussi nous varions le menu : chorba, pâtes, lentilles, dolma, couscous ». Pour Djamel, 40 ans, dont la famille est composée des deux parents, d'un frère avec sa femme et ses deux enfants, les plats préparés à la maison varient d'une saison à une autre. «En ce moment, nous mangeons des haricots blancs, des lentilles, du couscous. Le tout à base de légumes et de viande malgré leurs prix de plus en plus élevés. Je dois préciser que nous sommes quatre à la maison à travailler, autant dire que nous avons les moyens de notre politique». Et la sardine ? «Sincèrement, cela fait très longtemps que nous n'en avons pas acheté», répond-il, précisant qu'il s'agit là d'une décision mûrement réfléchie : «Si nous n'achetons pas, ce n'est pas parce que nous n'avons pas les moyens, mais plutôt parce que nous ne voulons pas que les spéculateurs s'enrichissent sur notre dos. Le kilo de sardines à 400 DA, avouez que c'est plus qu'aberrant». «Il ne faut pas croire que c'est tout le monde qui peut se permettre de bien manger chaque jour», intervient Fatma Zohra. «Personnellement, raconte-t-elle, je connais une femme divorcée dont la famille composée de cinq enfants souffre le martyre. ‘'Rana maytine bechar (on crève de faim)''», me dit-elle à chaque fois que je la croise dans la rue. Il est vrai qu'elle travaille, mais sa modeste paie de 9 000 DA lui suffit à peine à répondre aux besoins de ses enfants durant les dix premiers jours du mois. Pour leur préparer des frites par exemple, il lui faut 3 kilos de pommes de terre au minimum, ce qui n'est pas fait pour arranger ses affaires surtout en cette période de flambée des prix ».