Dans sa critique d'Hervey de Saint-Denys et du rêve lucide, Alfred Maury réduit le rêve à des phénomènes physiologiques où la conscience est endormie et où l'homme n'est pas en mesure d'exercer son intelligence pour juger les images du rêve, encore moins pour prendre conscience qu'il rêve et qu'il n'est plus à l'état de veille. «Dans le rêve nos idées ne s'associent plus sous la discipline de l'intelligence ; nous acceptons sans étonnement les faits les plus chimériques ; nous croyons à l'existence de gens que nous savons morts ; nous nous supposons transportés en des siècles écoulés ; nous perdons jusqu'au sentiment de notre personnalité. L'engourdissement des sens ne suffit pas à expliquer ces phénomènes ; il faut admettre que nos facultés intellectuelles sont momentanément troublées, à savoir : l'attention, la volonté, le jugement et, dans certains cas, la mémoire elle-même, quoique celle-ci persiste davantage. Et ajoutons que cette persistance de la mémoire, dont l'action spontanée se manifeste par l'évocation des images du rêve, tient sans doute à ce que les impressions qui constituent le souvenir sont à demeure dans le cerveau, tandis que l'attention, la volonté et le jugement ne se produisent que par une action cérébrale passagère, bien que susceptible d'être sans cesse renouvelée. Les principales facultés de l'esprit doivent donc être affaiblies pendant le sommeil, ce qui ne peut tenir qu'à l'engourdissement de certaines parties de l'encéphale». Ces remarques sont certainement fondées pour le rêve pris globalement, mais l'auteur n'envisage pas la possibilité du rêve lucide qu'il continue à nier.