Résumé de la 54e partie n Le jour même du procès, les médecins qui ont effectué, à Brive, l'autopsie de Charles Lafarge, font leur déposition. A peine ont-ils achevé leur déposition que l'avocat de la défense, Maître Paillet, se lève et s'adresse aux médecins d'Albay et Massenat. — Messieurs, avez-vous entendu parler d'Orfila ? Les médecins sont surpris par la question. — Oui, nous connaissons ses ouvrages ! Paillet secoue la tête. — Quels ouvrages avez-vous lus ? Les médecins donnent des titres d'ouvrages. L'avocat a un sourire ironique. — Ce sont là des ouvrages qui datent de plus de vingt ans, Orfila en a écrit d'autres… Des ouvrages qui tiennent compte des progrès énormes effectués dans le domaine de la médecine et de la chimie ! Les médecins bafouillent. L'avocat continue. — Et James Marsh ? En avez-vous entendu parler ? — Non, avouent les médecins. L'avocat éclate. — Quoi ! vous n'avez pas entendu parler de ce savant ? Je suppose que vous ne connaissez pas non plus son appareil, qui sert à dépister la présence d'arsenic dans un corps ? Massenat répond. — Non, mais il y a d'autres méthodes qui ont fait leurs preuves ! L'avocat secoue la tête. — Non, non, les travaux d'Orfila et l'appareil de Marsh les ont toutes dépassées ! L'avocat tire de sa serviette une feuille de papier. — Messieurs les juges, me permettez-vous de vous lire un rapport que M. Orfila m'a remis et qui concerne cette affaire ? — Vous pouvez, dit le président. Et l'avocat lit le rapport d'Orfila. C'est un rapport très sévère avec les médecins de Brive, traités de «médecins de province, ignorants et incompétents». L'appréciation, peu flatteuse suscite la désapprobation des deux mis en cause. Maître Paillet continue. «Ce jugement n'est pas sans fondements !» Et il explique que le dépôt jaunâtre, sur lequel les médecins fondent leurs conclusions se forme également là où il n'y a pas de poison ! Quant aux cristaux métalliques qui se forment sur les parois de l'éprouvette, ils ne signifient rien tant qu'on ne les a pas soumis à un certain nombre de réactifs. Comment peut-on, dans les conditions où a été faite l'autopsie, affirmer, avec cette assurance, l'existence d'un dépôt d'insuline dans un cadavre ? Même avant l'invention de l'appareil de Marsh, les conclusions du rapport d'autopsie de Charles Lafarge ne sont que «du vent !» (à suivre...)