Mesure n Les quatre généraux libanais détenus dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri ont été libérés, hier, en exécution d'une décision du Tribunal spécial pour le Liban à La Haye. Les généraux ont quitté la prison de Roumieh, près de Beyrouth. Ils étaient détenus depuis août 2005 dans l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, tué avec 22 autres personnes dans un attentat à Beyrouth le 14 février 2005. Leur libération fait suite à une décision du juge de la mise en état du TSL, Daniel Fransen, qui a ordonné, hier, leur mise en liberté lors de la première audience du TSL. Le magistrat se prononçait sur une requête déposée lundi par le procureur Daniel Bellemare, qui demandait la «mise en liberté avec effet immédiat» des généraux en raison de l'absence d'éléments de preuve suffisants. La décision du TSL serait exécutée «immédiatement», avait assuré le ministre libanais de la Justice, Ibrahim Najjar. La défense a salué l'ordonnance du tribunal : «Après 44 mois, je considère que justice est faite et qu'elle aurait dû être faite depuis déjà 43 mois», a déclaré Naji Boustani, l'avocat de l'ex-chef de la garde présidentielle Moustafa Hamdane, et de l'ancien chef des renseignements de l'armée Raymond Azar. Considérés comme pro-syriens, les deux généraux avaient été arrêtés aux côtés de l'ex-directeur général de la Sûreté générale Jamil Sayyed, et de l'ex-chef des Forces de sécurité intérieure Ali Hajj. «Quatre généraux ont été libérés aujourd'hui, mais le seul prisonnier qui reste est Rafic Hariri, et son geôlier est le système judiciaire libanais», a affirmé Jamil Sayyed. «Jamais personne dans l'histoire du Liban n'avait auparavant été détenu quatre ans sans charge ni preuve», a-t-il lancé, remerciant le parti chiite Hezbollah pour son soutien. «Le Hezbollah salue la libération des quatre généraux et félicite leurs familles, après une longue détention arbitraire», a indiqué le mouvement soutenu par l'Iran et la Syrie. Le fils de Rafic Hariri, Saâd, a, pour sa part, indiqué «accepter et respecter» la décision du TSL. «Nous ne voulons pas la vengeance. Tout ce que nous voulons c'est la justice», a-t-il ajouté. Bien que physiquement au Liban, le sort des généraux dépendait du TSL depuis que la justice libanaise avait décidé de se dessaisir du dossier en sa faveur début avril. «L'enquête se poursuit», a souligné le procureur Daniel Bellemare. «Si une piste devait à nouveau nous mener directement à eux (les généraux) avec des preuves suffisamment crédibles, je demanderais leur détention et leur mise en examen», a-t-il ajouté. La mort de Rafic Hariri avait provoqué une grave crise au Liban qui avait fini par conduire au retrait des troupes syriennes après 29 ans de présence. Les deux premiers rapports de la commission d'enquête de l'ONU avaient conclu à des «preuves convergentes» sur l'implication des services de renseignements syriens et libanais dans l'attentat. Les noms de proches du Président syrien Bachar al-Assad avaient été cités par les enquêteurs, mais la Syrie nie toute implication.