Résumé de la 8e partie n Après toutes ses victoires, Surcouf est désormais surnommé par les Anglais, l'Ogre du Bengale. A bord de la «Confiance», il revient en France chargé de trésors... Ce n'est pas suffisant, les Anglais se rapprochent. Il ordonne alors de démolir tous les bastingages et de mouiller les voiles pour les raidir. Il risque de démâter et, s'il vient à rencontrer une tempête, c'est le naufrage assuré et la mort pour tous, car il n'y a plus de chaloupes. Mais le salut est à ce prix. La «Confiance» distance enfin ses poursuivants. La chance est au rendez-vous et Surcouf rentre à Saint-Malo le 30 avril 1801, jour de la Saint-Robert. Il est riche et célèbre, M. Blaize de Maisonneuve lui accorde avec joie la main de sa fille et, le 28 mai suivant, il épouse Marie-Catherine. Il a vingt-sept ans, elle en a vingt-deux. Une nouvelle existence commence pour lui. Le régime politique a encore changé pendant son absence : le général Bonaparte est désormais Premier consul. Celui-ci décide de signer la paix avec l'Angleterre et il n'est, bien sûr, plus question de course. Surcouf met à profit cette inaction forcée. Il prend un précepteur et se montre, cette fois, fort bon élève. Il achète un luxueux hôtel particulier à Saint-Malo où Marie-Catherine accouche de leur premier enfant, Caroline-Marie. En même temps, il seconde son beau-père dans son entreprise d'armateur. La paix avec l'Angleterre est éphémère. En mai 1803, c'est la reprise des hostilités. Bonaparte convoque à Saint-Cloud celui qui est le plus illustre de ses marins, pour lui proposer un commandement prestigieux. — Je vous nomme capitaine de vaisseau. Vous aurez deux frégates sous vos ordres et vous ferez la chasse aux Anglais dans cet océan Indien que vous connaissez si bien. Surcouf secoue la tête : — Je regrette, j'ai toujours été mon propre maître. Je ne veux dépendre de personne, pas même d'un amiral. Bonaparte n'insiste pas, mais il lui demande conseil : — Que feriez-vous à ma place contre les Anglais ? — Je laisserais tous mes bateaux de guerre dans les ports et je les harcèlerais avec de petits navires. Bonaparte est trop fin stratège pour ne pas se rendre compte que le corsaire a raison. Il soupire : — Je ne peux pas désarmer mes navires de ligne. C'est une question de prestige. Les deux hommes se séparent sur ces mots. Deux ans plus tard, ce sera Trafalgar. 1806. Robert Surcouf a trente-deux ans. Marie-Catherine l'a convaincu de participer à la guerre en tant qu'armateur et non comme corsaire. Il envoie donc des capitaines sillonner les mers à sa place. Il est père de trois enfants, il est riche et il est l'une des gloires de l'Empire, l'un des premiers à avoir été décoré de la Légion d'honneur. Tout pourrait continuer ainsi, si l'appel de la mer n'était quand même le plus fort. Il décide de construire pour lui-même un magnifique trois-mâts de vingt-quatre canons, prévu pour un équipage de cent cinquante hommes. Il le nomme symboliquement le «Revenant». Celui que l'on ne devait plus revoir sur les flots est de retour, il n'a pas achevé ses exploits. Le 2 mars 1807, tandis que Marie-Catherine pleure aux remparts, le «Revenant» quitte Saint-Malo, en direction de l'île de France. (à suivre...)