Résumé de la 57e partie n Une fois de plus, Me Paillet, l'avocat de Marie Lafarge, confond les médecins qui ont autopsié son époux. On attend de nouvelles analyses. Le 5 septembre, les experts reviennent avec leur rapport. C'est Dubois père, le pharmacologue, qui vient à la barre. Le procureur l'interroge. — Avez-vous étudié les restes qui vous ont été remis ? — oui, votre honneur. — avez-vous rédigé un rapport, tel qu'il vous a été demandé ? — oui, votre honneur. Mais auparavant, permettez-moi de vous remettre les récipients. Ils pourraient servir éventuellement à d'autres analyses. — je vous remercie. Maintenant, donnez-nous lecture de votre rapport. Le pharmacologue, qui ne veut pas subir les humiliations auxquelles ont été soumis les médecins de Brive, se montre prudent. Il sait que Me Paillet ne manquera pas l'occasion de le ridiculiser, s'il va à l'encontre des «nouvelles découvertes» de la science. Il commence par vanter les mérites de l'appareil de Marsh, mais se garde de révéler qu'il l'a lui-même construit. «Nous avons utilisé de l'hydrogène arsénieux, préparé par attaque de l'échantillon à analyser par du zinc et de l'acide sulfurique, spécialement purifiés pour en éliminer toute trace d'arsenic. Nous y avons ajouté, pour en faciliter l'attaque, une goutte de solution de sulfate, également exempte d'arsenic. Le courant d'hydrogène qui se dégage, entraîne l'arsenic présent dans l'échantillon, et il est intercepté, sous forme de gouttelettes et de particules solides par un tampon de laine. Ainsi, on peut prouver sans difficulté la présence ou non d'arsenic dans un corps…» L'expert s'arrête pour voir l'effet que son discours a provoqué sur la cour et le public. Tout le monde le regarde avec intérêt. Tout le monde attend qu'il dise si les restes enfermés dans les récipients que lui et ses collègues ont analysés contiennent, oui ou non, de l'arsenic. Comme nous l'avons déjà dit, ce rapport sera décisif dans la suite du procès. Comme pour faire durer le suspense, le pharmacologue continue. — je viens de décrire là l'appareil de Marsh, un appareil qui, je le répète, est étonnant par sa précision, un appareil qui dépasse largement toutes les méthodes jusque-là élaborées pour déceler la présence d'arsenic dans un corps… Le président et le procureur s'impatientent. — monsieur Dubois, venons-en à votre analyse… — j'y viens, j'y viens… Mais je voudrais encore apporter des précisions… — vos conclusions, je vous prie… — voilà, voilà… Et le pharmacologue reprend son rapport. «Si grande qu'ait été notre attention et si consciencieuses qu'aient été nos analyses, nous n'avons pu obtenir aucun résultat…» Il lève les yeux et continue, comme s'il avait appris par cœur son texte : «Nous sommes donc forcés de conclure que les matières que nous avons examinées ne recèlent pas la moindre trace d'arsenic…» (à suivre...)