Changement n Le Parlement issu des élections générales du 22 avril en Afrique du Sud doit élire, mercredi, le tribun zoulou, Jacob Zuma, à la présidence de la République, pour la quatrième législature post-apartheid qui s'annonce sous haute surveillance. «L'une de ses priorités va être de créer la confiance en lui, en tant que personne», prédit Dirk Kotze, de l'Université d'Afrique du Sud. «Il va devoir aussi faire face aux incertitudes, voire aux peurs des investisseurs sur la malléabilité qu'il offre à la gauche» qui l'a soutenu dans son ascension au pouvoir, ajoute l'analyste. Le parti de Jacob Zuma, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir depuis les premières élections multiraciales en 1994, a remporté une massive victoire le 22 avril avec 66% des sièges dans la nouvelle Assemblée. Les Sud-Africains sont nombreux à admirer la persévérance et la réussite de celui qui, enfant, gardait les troupeaux dans les collines du pays zoulou. Mais cet autodidacte, ancien responsable des services de renseignement de l'ANC en exil, suscite aussi la méfiance de ceux qui lui reprochent son entourage parfois douteux et ses déclarations à l'emporte-pièce. Engagé très jeune dans la lutte contre l'apartheid, ce qui lui a valu 10 ans de prison et 15 années d'exil, Jacob Zuma a grimpé un à un les échelons de l'ANC, jusqu'à devenir le vice-président du chef de l'Etat Thabo Mbeki. L'ex-camarade de lutte devait pourtant devenir le plus formidable rival politique de Jacob Zuma, qu'il a renvoyé en 2005 de la vice-présidence après la condamnation pour corruption de son conseiller financier. Accusé – puis blanchi – de viol, objet d'une longue enquête pour corruption, le tribun zoulou paraissait fini. Mais, en décembre 2007, il enlevait à Thabo Mbeki la direction de l'ANC. Neuf mois plus tard, ce dernier était évincé de la présidence, contraint à la démission par la nouvelle direction du parti. Et, deux semaines avant les élections, les poursuites pour corruption à l'encontre de Jacob Zuma étaient levées, en raison d'abus de pouvoir dans l'enquête. Lors de ces luttes intestines, Jacob Zuma a bénéficié de l'appui sans faille de l'aile gauche de l'ANC, du Parti communiste et de la Confédération syndicale Cosatu. Il surfe sur le mécontentement des pauvres, ces 43% de la population laissés-pour-compte de la croissance économique post-apartheid. Pendant la campagne, il a promis d'accroître les aides sociales, de créer un système public d'assurance médicale, de combattre une criminalité record et d'amortir les effets de la crise financière mondiale en investissant massivement dans le secteur public.