En dépit des affirmations officielles, les réticences envers le générique persistent aussi bien au niveau de certains malades que de praticiens. L'Algérie a importé près d'un milliard sept cents millions de dollars de médicaments en 2008. Une facture qui ne cesse d'augmenter au regard d'une production nationale qui ne répond aux besoins du marché qu'à hauteur de 20%. Une véritable impasse pour les pouvoirs publics qui peinent à trouver la solution. Celle-ci consiste en même temps à réduire la facture d'importation, à encourager la production nationale et à prouver l'efficacité thérapeutique du générique. Faut-il, aussi, rappeler dans ce contexte les réticences manifestées aussi bien par les pharmaciens que par les prescripteurs à l'égard du générique ? Ce que nie pourtant formellement le premier vice-président de l'ordre des pharmaciens, invité, ce lundi matin, sur les ondes de la chaîne III. Pour Lotfi Benbahmed, «il n'existe pas de réticence vis-à-vis du générique. L'utilisation du nom scientifique du produit a beaucoup facilité le travail des pharmaciens avec le générique». «Et ce, contrairement à certains médecins qui continuent à confondre entre générique et princeps en l'absence d'un répertoire de ce type de médicament en Algérie», selon lui. M. Benbahmed s'est montré, en tout cas, très confiant de l'avenir du générique en Algérie notamment avec la politique du tiers-payant, la mise en place du tarif de référence et la maîtrise de la qualité. Ce dernier élément semble rentrer dans l'ordre, de l'avis de l'orateur, après l'ouverture du laboratoire chargé du contrôle de la bio-équivalence du produit générique, référencé par l'OMS. La production nationale est essentiellement en générique d'où l'importance aujourd'hui d'une mise à niveau réglementaire. Un dispositif qui s'impose presque pour contrecarrer le favoritisme observé en direction des laboratoires étrangers. Pour M. Benbahmed, il n'est plus question de parler à l'heure actuelle de baisse ou d'augmentation de facture d'importation. Il appelle plutôt à la régulation des dépenses par rapport à la politique du générique engagée par les pouvoirs publics. «On applique la politique du prix du médicament plutôt que celle du générique». Si celui-ci est défini par la loi sanitaire, il reste à en mettre en place les instruments de régulation. «Le générique est défini économiquement, mais il n'y a pas vraiment de seuil», a tenu à préciser le premier vice-président de l'ordre des pharmaciens. Dans ce secteur où l'intégration des politiques s'avère plus qu'utile, en Algérie, elle demeure le parent pauvre de la stratégie du développement du produit générique. En effet, il n' existe aucune unification des politiques du médicament entre son importation, sa fabrication, son remboursement et les services médicaux, observe M. Benbahmed. Ainsi, en attendant le décret et la mise en place effective de l'agence du médicament, la politique du générique peine à sortir de son stade embryonnaire. «Cette agence permettra de mieux intégrer les politiques du médicament en termes de fixation de prix et de remboursement», estime M. Benbahmed.