Chiffre n Plus de 34 tonnes de drogues ont été saisies depuis le début de l'année 2009, selon le colonel Djamel Zeghida. Cette tendance évolutive du trafic est, d'autant plus inquiétante, que les dernières statistiques font ressortir que plus de 60% des drogués ont moins de 30 ans. Longtemps un pays de transit, l'Algérie est en passe de devenir, ainsi, un pays de consommation de drogue, voire de production. Invité, ce mardi matin, sur les ondes de la chaîne III, le chef de division à la police judiciaire au commandement de la Gendarmerie nationale, le colonel Djamel Zeghida, dément pourtant cette dernière option. Il fait savoir que toutes les tentatives de production ont été avortées par les services de la Gendarmerie nationale. «Nos éléments ont tiré beaucoup d'enseignements des affaires traitées en 2007, liées à la culture de l'opium dans le sud du pays», dit-il. Ce qui a permis, selon lui, «de mettre à nu toutes les plantations et de les détruire avant même que la culture n'arrive à maturité ». D'ailleurs, «les propriétaires de ces plantations n'ont même pas eu le temps d'extraire l'opium ou de transformer la végétation qui a été préparée», assure-t-il en réaffirmant «nous ne sommes pas un pays de production». Les quantités de drogues saisies ont connu en tout cas une hausse vertigineuse de 2007 à 2009, les saisies opérées ont plus que triplé. Elles sont passées de 4 tonnes en 2007 à 30 tonnes en 2008 contre 34 tonnes en 2009 en l'espace de quatre mois, soit 5 tonnes par mois et 60 tonnes d'ici à la fin de l'année. Le trafic de drogue a, de ce fait, pris un tournant décisif au regard de toutes ces données chiffrées que le colonel Zeghida explique par le renforcement du dispositif de lutte contre les narcotrafiquants notamment dans le sud du pays. «Cette augmentation est le résultat, outre du dispositif de surveillance qui a été renforcé aux frontières du pays, aux enquêtes ouvertes, aux investigations qui ont permis de déceler et de connaître les cheminements et les modes opératoires des narcotrafiquants», explique-t-il. La Gendarmerie nationale a opté «pour des dispositifs de surveillance adaptés avec le renforcement des capacités et des moyens d'intervention», a-t-il ajouté. Ainsi, le dispositif de lutte qui était beaucoup plus renforcé sur l'axe des wilayas du Nord a contraint les narcotrafiquants à chercher d'autres voies moins saturées. «L'activité des services de lutte contre la criminalité transfrontalière, que se soit sur les frontières ou sur les voies de communication, a généré une saturation de cet axe». Les narcotrafiquants ont, dès lors, développé un autre axe qui est celui des pays du Sahel très inaccessible. «Se sentant très limités dans leurs actions, les narcotrafiquants sont allés à la recherche d'un axe un peu plus sécurisé pour eux », souligne le colonel Zeghida qui assure que même celui-ci a été découvert par le dispositif mis en place par les services de la gendarmerie qui ont démantelé plusieurs réseaux et intercepté de nombreux convois. La Gendarmerie nationale compte enfin impliquer les unités de l'Armée nationale dans la lutte contre le trafic de drogue. Des mesures ont aussi été prises pour l'adaptation du mode d'action, du renforcement du dispositif de surveillance par le déplacement des postes frontaliers, ainsi que par la surveillance des voies de communication et les pénétrantes sur le tracé frontalier dont proviennent 85% des drogues saisies.