Créativité n Les maîtres artisans de M'sila s'évertuent à transformer, au moyen de la sculpture, du polissage et autres, des matériaux et des objets en œuvres décoratives ou pratiques, d'une esthétique remarquable. Des articles d'ornement, de simples porte-clés ou des «tableaux de sable» traduisent le savoir-faire de ces artisans artistes que l'on peut rencontrer au gré des flâneries dans les villes de la région. Ils excellent pour représenter scorpions, chameaux ou palmiers à partir de grains de sable, de galets d'oued ou même de noyaux de dattes. Pour représenter un scorpion, les artisans utilisent deux matériaux répandus à travers la wilaya : les noyaux de dattes pour former la carapace et la queue, et les grains de sable pour le dard. Les sculptures de chameaux sont réalisées sur du plâtre ou des morceaux de bois qui sont recouverts de sable dont la couleur est très proche de celle, naturelle, de notre dromadaire national. Dans les étroites boutiques ateliers écoulant ces œuvres, il n'est d'ailleurs pas rare de tomber sur un artiste en train de peindre un tableau en utilisant des grains de sable. Les matières premières de cette technique peuvent être trouvées partout puisqu'il ne s'agit que de peintures à l'eau nécessitant un peu de colle, du sable et une plaque de bois. Mais savoir les manier habilement et avec finesse pour peindre un paysage naturel ou tout autre chose, constitue l'essence même de la dextérité des artisans plasticiens. Ces artistes espèrent même pouvoir, un jour, commercialiser leurs œuvres à travers des participations à des expositions régionales et nationales et voir cette technique accéder au statut d'art plastique à part entière, susceptible d'être enseigné dans les écoles des Beaux-arts. Cependant d'autres artisans artistes apportent des touches esthétiques à des outils prêts à être utilisés, tels les stylos. D'autres encore utilisent les tiges de laurier-rose pour fabriquer des porte-clés sur lesquels ils inscrivent les noms propres, les plus communs en Algérie, ou pour fabriquer des porte-bouteilles ou des tableaux sur lesquelles ils calligraphient un verset du Coran, un vers ou une maxime. Ils utilisent de l'encre de Chine recouverte de vernis. Elle est préférée à celle appliquée sur le bois en raison de la meilleure clarté qu'offre le laurier-rose. Si, ailleurs, on collecte les lames ressorts des camions pour les fonderies de recyclage, à Boussaâda, les couteliers redonnent à cette pièce une nouvelle destinée en fabriquant un poignard à lame recourbée, le fameux boussaâdi. Il n'existe que cinq ateliers notamment à Bousaâda, Khebana, Sidi Ameur et Aïn Lahdjal pour la fabrication du véritable boussaâdi sur lequel est buriné le label de la ville chère à Nasreddine Dinet. Toutefois la région demeure riche de l'habileté de ses artisans qui s'attellent à faire jaillir de véritables petites merveilles qui disent, peut-être, toute l'étendue du patrimoine traditionnel de l'Algérie et la créativité de ses enfants.