Des milliers de cybercafés, d'entreprises et de particuliers sont «déconnectés» depuis maintenant plus d'une semaine. Le provider privé se plaint de difficultés induites par la décision du gouvernement de réduire de moitié les tarifs de l'Adsl. L'opérateur historique, lui, met en avant, les règles de la commercialité et rappelle son statut d'entreprise publique «tenue d'appliquer les injonctions du gouvernement»... L'opérateur historique et le provider privé se contentent depuis le début du bras de fer, il y a une semaine, de déclarations publiques, d'accusations et de contre accusations. Ce matin encore, sur les ondes de la Chaîne III, les responsables des deux entreprises se sont adonnés à un chassé-croisé qui, loin de rassurer les milliers de clients «isolés», n'ont fait qu'ajouter du flou à la situation. Contacté en premier, le P-DG de l'EEPAD, sans dénier à l'opérateur historique le droit de réclamer ses créances, désigne sans ambages, le responsable de cette situation : les pouvoirs publics. «La baisse de 50% des prix de l'ADSL a eu un effet négatif, et nous assistons à la disparition d'un très grand nombre d'ISP», a-t-il indiqué en référence à la décision de réduire de moitié les tarifs de connexion ADSL prise par l'ancien ministre de la Poste et des TIC, Boudjemaâ Haïchour, en avril 2008. «La créance actuelle remonte à avant la décision de la réduction des tarifs. Et puis, l'Eepad n'était pas obligé d'appliquer la décision du gouvernement car il ne s'agit pas d'une entreprise publique », rétorque Moussa Benhamadi, P-DG d'Algérie Téleécom. Comme pour justifier sa fermeté sur le dossier, M. Benhamadi rappelle cette nuance : «Nous, en revanche, nous sommes une entreprise publique et nous devons exécuter les instructions et les décisions prises par le gouvernement.» Le P-DG ne fait sans doute pas référence à la décision de réduction des prix de l'ADSL mais à celle, plus ferme, du Premier ministre qui, au lendemain de son rappel à la tête de l'exécutif, l'été dernier, a enjoint à l'opérateur historique, de récupérer l'intégralité de ses dettes estimées alors à quelque 70 milliards de dinars. «Nous sommes menacés de fermeture et de licenciement», se plaint le responsable de l'EEPAD. Benhamadi n'en a cure et assène : «Ce n'est pas à Algérie Telecom d'en assumer les conséquences. Le manque à gagner de l'EEPAD n'a pas été récupéré par AT et aujourd'hui il revendique qu'on lui restitue en quelque sorte ce qu'il a perdu.» Les arguments de Moussa Benhamadi semblent tenir parfaitement la route si l'on s'en tient aux seules règles de la commercialité d'autant plus que le P-DG ajoute, comme pour enfoncer son vis-à-vis, que «l'EEPAD s'est engagé à maintes reprises sur des échéanciers de payement qu'il n'a pas respectés et les autres ISP sont en train de rembourser leurs dettes». Sauf que le provider privé signale que le dossier «est au niveau de l'ARPT où des saisines ont été déposées». Ce qui signifie que l'opérateur public a fait preuve d'empressement et n'a pas souhaité attendre le verdict de l'Autorité de régulation…