Exhibition n Allegoria Stanza, une pièce chorégraphique, a été présentée, hier, à la salle El-Mougar à l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information. Créée et composée par Sofiane Abou Legraâ, un chorégraphe algérien vivant en France, la pièce s'organise, d'un bout à l'autre, comme un mélange de genres et de tons, où tradition rime avec modernité. C'est une symphonie de gestes, de mouvements et d'expressions. L'espace est vide. La scène est plongée dans le noir. C'est le commencement : silence et vacuité. Puis, l'espace se met en mouvement avec l'entrée en scène des danseurs – ils sont au nombre de douze, soit six danseurs et six danseuses. Les protagonistes investissent l'espace et l'inscrivent de leur langage corporel. Ils se meuvent. Ils avancent, se déplacent. Ils composent des mouvements dans lesquels ils évoluent lestement, naturellement. La chorégraphie dans laquelle ils exécutent leurs manœuvres corporelles est inspirée, d'une façon créative, de deux cultures, celle d'Orient et celle du hip-hop – ou, dans un sens plus large, de la culture urbaine. D'abord, c'est sur une chanson de la diva de la chanson arabe, Faïrouz, que les protagonistes, agiles et débordant d'énergie, s'exécutent. Mêlant danse orientale à une attitude corporelle urbaine, ils ont créé une façon de dire et d'exprimer le corps avec autant de douceur et de sensualité que de force, de fermeté et de véhémence. Puis, et au fil de leurs gestes et de leurs déplacements, les danseurs ont permis au langage corporel de prendre des tournures autres, plus prononcées, plus stylisées. On n'est plus dans cet Orient à travers lequel s'exprime, en filigrane, le beau et le sensuel. On est en pleine culture urbaine : du muscle, du nerf et de la puissance. Le corps transpire, halète. L'instinct s'exhibe virilement – même le corps des femmes prend une apparence animale – créant alors des tensions et des dissonances. L'expression corporelle se révèle ferme et forte. Le corps s'excite, se déchaîne. Il s'emporte. Il s'exprime en puissance avant que s'en échappe un fluide énergique. La dynamique dans laquelle se meut le corps est telle qu'il y a profusion et débordement : les gestes se multiplient, foisonnent dans une succession de mouvements démesurée. Les corps s'attachent dans une intimité rapprochée. Puis, ils se détachent et se distancient. Corps à corps, puis désa -corps. Il y a, toutefois, dans cette forte concentration d'énergie et ce magma de tensions et dans cette succession vertigineuse de mouvements, des moments tendres et quiets venant adoucir l'espace : le corps s'apaise et s'éteint, parfois, mais pour se réveiller et renaître encore plus fort, plus vivace, en se réappropriant l'espace avec le même tempérament d'exaltation et d'ardeurs.