Scène n Carmenseita, tel est l'intitulé de la pièce théâtrale présentée, jeudi, au Théâtre national, par la compagnie française Cocktail Théâtre. La pièce, jouée par des femmes et présentée à l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information, relate l'histoire d'une journaliste qui fait un reportage sur les ouvrières d'une manufacture de tabac à Marseille. La manufacture n'est plus en activité depuis quelques années. Pour les besoins de son travail, la journaliste collecte, çà et là, des témoignages de ces femmes qui, depuis 1890 – année où débute l'histoire – à 1990 – année où la journaliste décide de faire le reportage –, ont travaillé et donné leur temps, leur vie et leur santé à la manufacture. La pièce, qui s'étale sur un siècle, traite, en fait, de la condition et du statut de la femme ouvrière et de sa difficulté à être à la fois femme et employée. La difficulté de concilier les deux, sachant que la femme ouvrière n'avait pas les mêmes droits que l'homme. La pièce, qui donne une place importante à la parole des femmes, raconte, au fil des générations, le combat de ces femmes ouvrières pour leurs droits et leur émancipation. La pièce se veut un hommage à la mémoire de toutes ces femmes ouvrières, mais aussi un hymne au courage et à la détermination de toutes les femmes de par le monde qui, aujourd'hui, et ce, dans nombre de pays, continuent à revendiquer leurs droits et à combattre pour faire entendre leur voix. Ecrite par une femme, Edmonde Franchi, mise en scène par une femme, Agnès Régolo, et jouée par des femmes, la pièce, qui s'emploie à dire la femme, s'est distinguée par un jeu ouvert, dégourdi et surtout sympathique. Un jeu aux tonalités plaisantes et amicales. Attachant et cordial, le jeu, d'une simplicité éloquente, était plein d'humour et fort agréable. Il était, de surcroît, fluide et aéré – le jeu se déroulait à un rythme aisé et naturel. Quant à la scénographie, elle était à l'image du jeu, simple et expressive. Le décor n'était pas encombrant. Seuls des paravents en bois et amovibles occupaient les planches et, au fil des séquences et des situations, ils changeaient d'emplacement et de fonction. Ils se constituaient, parfois, comme des barrières, voire des frontières temporelles entre le passé et le présent. Car la pièce, qui se dévoile tel un récit, emmène le public tantôt dans le passé et tantôt dans le présent – il y a un retour sur les grands moments ou les femmes ouvrières ont marqué l'histoire de la manufacture. Ce va-et-vient incessant mais significatif en dit long sur le combat des femmes pour leurs droits et leur émancipation. Il nous renseigne sur le chemin, ô combien dur et pénible et truffé d'entraves, entrepris, au fil des générations, par toutes ces femmes pour qu'aujourd'hui, la condition et le statut de la femme dans le travail changent et s'améliorent.