Résumé de la 88e partie n Sheila cherche en Tuppence une alliée, en lui expliquant que Karl est un homme de science sans plus... Ce qui l'intéresse, c'est la science, c'est son travail - pour la joie de la découverte. Il est reconnaissant à l'Angleterre de lui avoir permis de travailler ici. Quelquefois, quand les gens font des commentaires idiots, il se sent très Allemand, et il souffre. Mais il déteste les nazis, toujours, et il hait leur idéologie opposée à la liberté. — C'est ce qu'il dit, évidemment. Sheila eut un regard plein de reproches. — Ainsi, vous croyez que c'est un espion ? Tuppence hésita : — En tout cas, c'est une hypothèse. Sheila se leva et marcha jusqu'à la porte. — Je vois. Je regrette vraiment d'être venue vous demander de nous aider. — Mais, ma chère enfant, qu'est-ce que vous imaginiez que je pouvais faire ? — Vous connaissez des gens. Vos fils sont dans l'armée et dans la Marine, et je vous ai entendue dire plus d'une fois qu'ils connaissent des gens influents. Alors je pensais que vous pourriez peut-être obtenir qu'ils... qu'ils fassent quelque chose. Tuppence s'accorda quelques instants pour penser à ses trois fils imaginaires. Douglas, Raymond et Cyril... — J'ai bien peur, dit-elle, qu'ils ne puissent rien. Sheila releva brutalement la tête. — Dans ce cas, il n'y a plus d'espoir pour nous, jeta-t-elle, passionnée. Ils vont l'emmener, l'emprisonner. Et puis un jour, très tôt le matin, ils le colleront contre un mur et ils le fusilleront - et c'en sera fini. Elle partit en tempête, claquant la porte derrière elle. «Maudits soient tous ces Bon Dieu de bois de foutus Irlandais ! songeait Tuppence, en proie à un tourbillon de pensées contradictoires. Pourquoi ont-ils ce pouvoir à la gomme de tout emberlificoter jusqu'à vous mettre la cervelle sens dessus dessous ! Si Karl von Deinim est un espion, il mérite d'être fusillé, un point c'est tout. Il n'y a pas à sortir de là. Et je n'ai pas à laisser cette donzelle me jouer son solo de harpe irlandaise pour m'ensorceler et me faire croire au destin tragique d'un héros vierge et martyr !» A sa mémoire résonnait encore la voix d'une actrice célèbre en train de déclamer un vers des Cavaliers venus de la mer : «C'est le temps divin de l'éternel repos qu'ils vont enfin connaître..» Poignant... Comme une interminable lame de fond qui vous emporterait... — Si ce n'était pas vrai, murmura-t-elle. Si seulement ce n'était pas vrai... Pourtant, sachant ce qu'elle savait, comment aurait-elle pu en douter ? Le pêcheur installé au bout de l'Ancienne jetée ramena sa ligne qu'il moulina avec soin. — Il n'y a vraiment aucun doute, je le crains, dit-il. — Vous savez, répliqua Tommy, ça me navre. C'est... Oui, c'est un garçon sympathique. (à suivre...)