Surprise n En arrivant à Paris en octobre 2001, Abdellah, âgé de 26 ans à l'époque, ne se doutait pas qu'il allait vivre les moments les plus difficiles de sa vie. Fiancé à une cousine qui a toujours vécu en France, il espérait obtenir facilement les papiers et entamer une «nouvelle vie». Mais c'était sans compter avec sa fiancée qui, en vérité, s'est toujours opposée à ce mariage arrangé. Pour faire plaisir à sa famille, elle a néanmoins accepté de faire un effort et de donner sa chance à son cousin. «Qui sait, peut être que ça marcherait», pensait-elle. Abdellah ignorait tout de cette histoire. Dans sa tête, sa cousine l'a choisi comme il l'a choisie. Comme il fallait s'y attendre, les malentendus et les quiproquos n'ont pas tardé à surgir entre les deux fiancés que tout ou presque séparait. Réservé de nature, Abdellah supportait mal la façon de se comporter de sa fiancée. Au début, il faisait comme si de rien n'était. Mais plus le temps passait, plus son agacement s'amplifiait. Et un jour, il n'a pas pu s'empêcher de lui dire tout haut ce qu'il pensait tout bas : «Très franchement, ton comportement me déplaît.» Hors d'elle, sa cousine lui lance en pleine figure : «Heureusement que nous ne nous sommes pas mariés.» Le message était tellement clair qu'Abdellah n'a eu besoin que de quelques minutes pour rassembler ses effets et quitter le domicile de ceux qui allaient devenir ses beaux-parents. Pour lui, il était hors de question de «supporter davantage». Mais où aller ? Abdellah venait à peine de débarquer à Paris où il ne connaissait pratiquement personne hormis la famille de celle qui devait devenir sa femme. Forcé de se débrouiller tout seul, il se met à la recherche d'un gîte. En vain. Ainsi, il s'est retrouvé dans l'obligation de passer sa première nuit à la belle étoile, puis sa deuxième, sa troisième, sa quatrième, etc. Au fil du temps, Abdellah est devenu un sans domicile fixe (SDF) puis un clandestin puisque son visa avait expiré, entre-temps. Malgré tout cela, il ne voulait pas rentrer au bled. «Il avait honte de le faire», témoigne son meilleur ami qui l'a aidé à trouver un travail au noir chez un Belge qui gérait une entreprise spécialisée dans l'électricité du bâtiment. Ayant fait preuve de beaucoup de sérieux et d'abnégation dans son travail, Abdellah n'a pas tardé à gagner la confiance et la sympathie de son employeur qui, en guise de reconnaissance, entreprend les démarches nécessaires pour régulariser sa situation. Malheureusement pour lui, son dossier sera rejeté. Pour éviter l'expulsion, Abdellah décide de partir à Marseille. Une fois sur place, il entre en contact avec un ami à son père et lui demande de l'aide. Sans résultat, encore une fois. Perdu, désorienté et le moral au plus bas, il trouve quand même les ressources nécessaires pour aller se renseigner sur la possibilité d'obtenir la nationalité française étant donné que son grand-père maternel avait participé à la Seconde Guerre mondiale au sein de l'armée française. A sa grande joie, on lui annonce qu'il en ouvre droit. Il constitue alors un dossier dans ce sens et le dépose auprès de l'administration compétente. Abdellah finit par obtenir la nationalité française et trouver un travail. Mais à quel prix !