Résumé de la 2e partie n Une deuxième équipe composée de deux militaires, va tenter, elle aussi, en même temps que la première, de réaliser l'exploit de traverser l'Atlantique... 24 mai - David Johnstone. La lumière du phare semble toujours aussi proche. Le moral est au plus bas. Nous nous sentons fatigués, dégoûtés. 25 mai - David Johnstone. Nous sommes à 30 milles. Le vent s'est levé et les vagues ont commencé à nous chahuter. John a manqué de peu de tomber à la mer. Il s'était débarrassé de son harnais de sécurité. Je lui ai passé une sérieuse engueulade. 26 mai - David Johnstone. J'ai essayé de faire le point et je me suis rendu compte que nous sommes toujours à 30 milles de la côte. Nous n'avons pas eu le courage de ramer davantage. Nous soliloquons chacun de notre côté. Il semble que nous ayons embarqué beaucoup trop d'eau douce. Comme l'embarcation est trop lourde, nous en avons jeté cinquante litres à la mer... Lorsque mon quart est venu et que John est allé se coucher, il m'a semblé, au cours de la nuit, entendre les machines d'un bateau. J'ai allumé notre lampe-tempête. C'était un remorqueur, «L'American Tide». On a braqué sur nous un projecteur. Quelqu'un a crié : — Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ? — Rien, merci, si ce n'est nous donner notre position. — Vous êtes à 40 milles des côtes. Où sont vos voiles ? — Nous n'en avons pas, nous ramons. — Et jusqu'où comptez-vous aller ? — Jusqu'en Angleterre. — Juste ciel ! Avez-vous au moins assez d'eau ? — Nous en avons même trop... 4 juin - Capitaine Ridgway. Nous avons quitté Cape Cod à 17 h 30. Deux petits bateaux qui nous accompagnaient font demi-tour et disparaissent dans le crépuscule. Des bateaux de pêche nous voient passer. Les hommes de bord ont l'air ahuri à la vue de notre embarcation qui fonce à force de rames, vers l'Europe. 4 juin - David Johnstone. Ramer est un remède contre l'ennui, presque préférable à ne rien faire du tout. Quand le vent souffle contre nous, il semble inutile de lutter et nous jetons l'ancre flottante. Quand il nous est favorable, John insiste froidement : «Il n'y a qu'à nous laisser aller. A quoi bon nous crever pour faire quelques milles de plus ?» C'est ce qu'il fait. Il se croise les bras et moi je continue à ramer... Nous sommes entourés maintenant par des requins. Ils semblent devenir de plus en plus grands et l'envie me prend de leur flanquer un grand coup de hache entre les yeux. 6 juin - David Johnstone. Un cargo à l'horizon. John a fait des grands signes et il est arrivé à notre portée. Le commandant nous a donné notre position : 370 ouest, 66° nord. Il nous a fait cadeau de corned-beef et de quatre cents cigarettes. L'équipage, lui, nous a lancé des bouteilles de bière. Un peu plus tard, nous nous sommes demandé combien de temps mettrait une bouteille de bière pour couler au fond de l'océan, à quelque 5 000 mètres au-dessous de nous. Nous avons conclu qu'elle devait mettre environ trois heures. 8 juin - Sergent Blyth. Après une tempête cette nuit, le calme est revenu. Le vent vient du sud-ouest et souffle dans la mauvaise direction. Nous désespérons de trouver le Gulf Stream. 9 juin - Capitaine Ridgway. Nous avons pu dormir. Dès 4 heures du matin, nous nous sommes mis à ramer ensemble 55 minutes à tirer sur les avirons et 5 minutes de repos. La progression est satisfaisante. Je viens de constater que mon sextant est cabossé. Je me demande dans quelle mesure notre navigation en sera affectée. (à suivre...)