Résumé de la 6e partie n Le capitaine Ridgway fait la remarque que la sensation la plus extraordinaire de cette expérience est que le monde animal est là à chaque instant... 26 août - David Johnstone. J'ai fait le point et je suis effondré. C'est à n'y rien comprendre ! Il semble que des centaines de milles nous aient été littéralement volées... John me regarde avec un visage tragique. 27 août - David Johnstone. J'ai refait le point. Résultat aussi extravagant : nous serions à 90 milles plus au sud que la veille... Alors nous avons chacun allumé notre dernier cigare, en pensant : «Quelle situation grotesque, nous fumons le cigare et nous n'avons presque plus de vivres !» 2 septembre - Capitaine Ridgway. Nous ne sommes plus qu'entre 60 et 80 milles de l'Irlande. 2 septembre - David Johnstone. Nous n'avançons pas. C'est à croire que nous sommes sur la mer comme sur un tapis roulant qui va en sens inverse. Il doit y avoir un courant contraire qui réduit notre progression à néant. 3 septembre - Sergent Blyth. Au-dessus de nos têtes, passent des avions qui viennent de Shannon. Nous touchons vraiment au but. A 9 heures du matin, le capitaine Ridgway, en train de faire le petit déjeuner, tout à coup se lève et crie «Terre». Effectivement, on distingue au loin des falaises. Nous nous mettons à chanter. II nous semble impossible que nous ayons franchi 3 500 milles à la rame. Nous sommes ivres de joie. L'arrivée est très difficile. Nous nous crevons littéralement à ramer contre des courants très durs et contre la marée elle-même. Nous atteignons les limites de la volonté et de l'endurance. Enfin, peu importe, nous touchons terre. C'est la merveilleuse hospitalité irlandaise. Tout est fini. Pour tous les trésors du monde, je ne remettrai les pieds sur ce bateau ! 3 septembre - David Johnstone. A minuit cinq, nous avons croisé notre premier grand transatlantique. Dans l'après-midi, trois avions nous ont survolés. Vu aussi quelques mouettes ... Où sommes-nous ?... En jetant à l'eau le marc de café, j'ai laissé tomber ma tasse. Heureusement, elle a flotté et j'ai pu la récupérer. Notre drapeau n'est plus qu'un haillon... Ici s'arrête le journal de bord du «Puffin», par une tragique coïncidence, le jour même de la victoire de leurs concurrents. Ce que sont devenus David Johnstone et John Hoare, on ne le sait pas et on ne le saura jamais. Le 16 septembre 1966, l'officier de quart du paquebot britannique «Ocean Monarch» note dans son journal qu'il a repéré un petit bateau orange flottant la quille en l'air. Il n'a pas jugé utile de s'arrêter. Un mois plus tard, un destroyer de la marine canadienne, «La Chaudière», le repère à son tour et le hisse à son bord. Il est vide, à part tout un bric-à-brac : conserves, réchaud, cartes marines et, dans un sac étanche, le journal de bord de David Johnstone. Les deux hommes ont disparu. Ils étaient pourtant censés être reliés à leur embarcation par un harnais de sécurité qu'ils n'enlevaient jamais. Alors, que s'est-il passé ? Se sont-ils jetés volontairement par-dessus bord pour abréger leurs souffrances ? Se sont-ils battus encore une fois et ont-ils roulé ensemble à la mer ? Ont-ils été emportés par une tempête ? Autant de questions sans réponse. Une seule chose est certaine autant la tentative de John Ridgway et de Chay Blyth, le capitaine et le sergent qui avaient su faire équipe, a connu un dénouement heureux, autant la fin de David Johnstone et de John Hoare, ceux qui ne s'aimaient pas, a dû être tragique.