Résumé de la 1re partie n David Johnstone et John Hoare se proposent de traverser l'Atlantique à la rame... Une semaine a passé. Les mêmes journalistes se retrouvent, non plus sur la Serpentine, mais sur un quai du port de Londres, pour un événement plutôt inattendu. David Johnstone et John Hoare n'étaient pas seuls de leur espèce. Une autre équipe de rameurs préparait la même tentative et, apprenant celle des autres, elle a hâté son départ. Eux aussi sont deux et présentent leur bateau à la presse. Il est plus grand que celui de leurs concurrents : six mètres cinquante de long sur un mètre cinquante de large. Pour ce qui est de s'exprimer, il n'y a pas de discussion entre eux, la chose s'impose d'elle-même. Ils sont tous les deux militaires au troisième bataillon de parachutistes, mais John Ridgway, blond aux yeux bleus, vingt-huit ans, marié, est capitaine, et Chay Blyth, vingt-six ans, marié également, est sergent et directement sous ses ordres. Eux se connaissent depuis longtemps. Ils sont champions militaires de canoë-kayak et ont participé à plusieurs compétitions internationales. C'est tout naturellement le capitaine qui présente leur embarcation, «L'English Rose III», et qui fait part de leur programme. — Vous aussi, vous allez partir d'Amérique ? — Bien sûr. On ne peut pas faire autrement. Nous partirons de Cape Cod, un peu au sud de New York et nous avons l'intention d'arriver au port de Galway, en Irlande. — Cela fait quelle distance ? — Six mille kilomètres. Nous avons calculé qu'il nous faudra donner trois millions de coups d'aviron, mais cela ne nous fait pas peur. Les journalistes ont une question plus personnelle à poser au capitaine Ridgway : — Il paraît que votre père est milliardaire. Est-ce que c'est lui qui a payé le bateau ? — Oui, c'est lui. Mais je tiens à préciser que, personnellement, je ne vis que de ma solde d'officier. Ainsi s'achève l'interview de la seconde équipe anglaise partie pour réaliser cet exploit qui semble impossible à l'époque : traverser l'Atlantique à la rame. Quant à la suite, nous avons la chance de la connaître grâce au journal de bord que les uns et les autres ont tenu. Voici donc leur aventure jour après jour. 21 mai - David Johnstone. Nous sommes partis. Il est 11 heures du matin. Les bateaux du port nous saluent de leurs sirènes. John prend le premier quart. Nous avançons à bonne cadence et nous perdons de vue la côte. La mer clapote de façon désagréable et, tout de suite, nous nous sentons mal. Plus tard, je me suis endormi, me réveillant de temps en temps avec le mal de mer... Le lendemain dimanche, je reste immobile, les yeux fixes, sans appétit et sans force. Le réchaud refusait de s'allumer et, pendant trois heures, à moitié endormi, j'ai entendu John s'affairer en jurant. Finalement il a dit : «Tu acceptes enfin de marcher, vieille saloperie !» Alors, nous avons pu faire du thé et des œufs au jambon. Mais le thé de John est bien mauvais. Je le lui ai dit, il n'a pas apprécié. 23 mai - David Johnstone. Deux sous-marins nous ont croisés en actionnant leur corne de brume. L'un d'eux s'est dérouté pour venir à notre hauteur. Il s'appelle «Le Requiem». Sinistre présage ! Son capitaine nous a hurlé que nous n'étions encore qu'à 5 milles du rivage. Ce fut pour nous un coup très dur. Nous sommes fous de rage contre les météorologistes qui nous avaient garanti un bon vent d'ouest, alors que celui-ci souffle de l'est. Comment ont-ils pu commettre une erreur aussi monumentale ? «J'espère, dit John, que ces salauds n'en dormiront pas de la nuit !» (à suivre...)