Résumé de la 5e partie n Dans son journal, Johnstone raconte les altercations avec son coéquipier, tandis que l'entente semble bonne dans l'autre équipe, d'après le journal de Blith... Nous avons eu le temps de remarquer, parmi les passagers, cette chose extraordinaire dont nous avions perdu le souvenir : une femme ! 1er août - Capitaine Ridgway. Blyth a une très mauvaise mine et m'inquiète. Quant à moi, je ne dois pas être resplendissant non plus. Comble de malheur, et les plus petits sont souvent les plus graves pour le moral, ma ceinture est cassée et j'ai toutes les peines du monde à faire tenir mon pantalon. 2 août - David Johnstone. Vu de gigantesques requins dont l'un mesurait plus de dix mètres. Oui, il était bien deux fois plus long que le «Puffin». 5 août - Capitaine Ridgway. Les oiseaux sont de plus en plus nombreux. Est-ce signe que nous approchons de la terre ? Nous voyons passer au loin un navire. En vain, nous tirons nos deux dernières fusées. Grosse déception. 7 août - David Johnstone. Ai repéré la planète Vénus et vu passer un satellite artificiel. Puis la mer s'est déchaînée avec une force 10. Le «Puffin» se trouve soulevé par moments à près de vingt mètres de hauteur et il est poussé en avant à une allure vertigineuse. 8 août - Capitaine Ridgway. La sensation la plus extraordinaire que je retiendrai de cette traversée est qu'à aucun moment nous n'avons eu une impression de solitude : 24 heures sur 24, tout un monde animal n'a cessé de nous observer (je ne vois pas d'autre mot). Ce sont aussi bien les oiseaux, albatros, pétrels, frégates, mouettes, que les cétacés, dauphins, baleines, cachalots ou les squales innombrables qui nous suivent et nous guettent pour nous dévorer. Ces centaines, ces milliers d'yeux qui ne cessent de nous épier, pourraient nous laisser une impression de cauchemar, mais nous découvrons une chose étonnante dans le monde animal : la curiosité. 13 août - Capitaine Ridgway. Un énorme pétrolier vient droit sur nous. Il est 11 h 30. J'ai peur, car il ne nous reste plus de fusées pour signaler notre présence. Au moment où il va nous couper en deux, il fait machine arrière et s'arrête. Nous montons à bord pendant environ une heure. Nous sommes accueillis, avec une courtoisie et une générosité dignes de la tradition des gens de mer britanniques, par le capitaine Mitchell. Nous avons confronté nos positions sur la longitude et la latitude. Je ne m'étais pas beaucoup trompé. L'équipage et les officiers constatent que nous sommes en bonne forme. Une grande joie : apprendre que l'Angleterre a remporté la coupe du monde de football. Nous avons accepté sans fausse honte les provisions qu'ils ont bien voulu nous donner. 16 août - David Johnstone. D'après mes calculs, nous en avons encore pour soixante jours. Je l'ai dit à John qui m'a interrompu : «Est-ce que tu te rends compte que c'était au départ ce que nous comptions mettre pour la totalité de la traversée ?» Je lui ai répondu : «Hélas oui. Mais sais-tu que, si nous ne faisons pas attention, nous risquons même de rater le Salon de l'automobile qui fermera ses portes le 20 octobre ?» 18 août - Capitaine Ridgway. Nous ramons à deux. Il a plu et la journée a été triste. Sorti de la grisaille tout à coup, un chalutier français apparaît. C'est le «Paul-et-Virginie». Le patron hurle «48 et 19», nous confirmant ainsi notre position, qui est excellente. Il nous demande si nous voulons quelque chose. Mais le vent s'est levé et nous a séparés sans que nous puissions répondre. (à suivre...)