Indécision n «Rentrer en Algérie ? Oui, pourquoi pas, mais à condition que l'on nous assure le minimum, à savoir un travail et un toit.» Pour Hocine qui s'exprime ainsi, «on ne se sent chez soi que quand on est chez soi». A 32 ans bientôt, cet étudiant en sciences de l'éducation hésite néanmoins à rentrer au pays. Après des années passées à Paris, sept en tout, il peine à prendre une décision. «D'une part, je veux rester car j'ai mes habitudes, mes repères et mes amis ici et ce n'est pas évident pour moi de tout laisser tomber comme ça tout d'un coup. Seulement, il me faudra régulariser ma situation, ce qui n'est pas du tout facile de nos jours. En outre, je suis tenté de rentrer mais j'ai peur d'être déçu», affirme-t-il. Cette «peur d'être déçu», Hocine l'explique surtout par le risque de ne pas trouver un travail une fois rentré au pays : «Certes, le taux de chômage a baissé ces dernières années en Algérie, mais je connais pas mal de diplômés qui ne travaillent pas du tout pour les uns ou qui occupent des postes pas vraiment intéressants pour les autres. Je ne pense pas que je suis mieux loti qu'eux pour aspirer à mieux». «Ici, je travaille à mi-temps et je gagne l'équivalent de 90 000 DA. Pourra-t-on m'assurer un tel salaire au pays ? Je ne pense pas franchement», enchaîne-t-il. Hocine n'est pas le seul à vivre cette situation. Beaucoup d'autres étudiants, surtout ceux qui sont en fin de cycle, sont en effet, partagés entre le désir de retourner en Algérie et la volonté de s'installer en France. Samir en fait partie. «Je n'aime pas trop penser à cela franchement car j'ai du mal à faire mon choix. Pour être honnête avec vous, je veux rester ici car j'ai une petite situation. J'ai mon petit chez moi, je travaille et j'arrive à mettre un peu d'argent de côté de temps à autre et cela me suffit pour le moment», dit-il. Et d'ajouter : «Maintenant, il ne suffit pas de dire, je vais rester, pour rester, il y a des critères à remplir et je ne vous apprends rien si je vous dis qu'il est de plus en plus difficile de les remplir.» Sur ce registre, nombreux sont les étudiants qui se plaignent de la complexité de la procédure de changement de statut. «Quand tu prends connaissance des conditions exigées, tu as envie de prendre tes bagages et de rentrer définitivement au bled», commente Hocine. «Ceux qui se marient rencontrent moins de difficultés. Pour les autres, c'est le parcours du combattant tout simplement», indique, de son côté, Samir.